Premier contact, nous nous attendons à une Tesla grise ou noire comme nous pouvons en croiser bien souvent sur nos routes. C’est en réalité dans une robe « Blue Océan » que nous découvrons « notre » exemplaire fraichement sortie d’usine. « Elle est arrivée cette semaine, vous êtes les premiers à l’essayer. » nous signale notre interlocuteur. En effet, les premiers exemplaires face-liftées sont arrivées cette même semaine.
Premièrement, que dire de ce repoudrage? Si sur photo l’absence de « calandre » laquée noire pouvait en déranger certains, on doit avouer qu’en vrai le rendu est nettement plus convaincant. Les nouveaux phares avant sont désormais directionnels et full Led. L’arrière intègre quand à lui un nouveau diffuseur mieux fini et les bas de caisse sont désormais couleurs carrosserie. Face-lift léger donc mais qui améliore significativement la qualité perçue. Il est vrai que notre exemplaire est doté des superbes jantes turbine optionnelles en 21 pouces (5.100 €) derrière lesquelles nous pouvons apercevoir les étriers de freins rouges propre à la P90D.
En tant que grande routière, la Tesla dispose d’assez de volume de chargement. Les coffres sont au nombre de deux avec sous le capot avant une capacité d’environ 144 litres et 750 litres à l’arrière pouvant même passer à 1.645 litres une fois les sièges abaissés!
Au nombre de deux sont aussi les moteurs électriques, d’où le « D » de P90D pour Dual Motor. Ceux-ci sont disposés sur les essieux avant et arrière et délivrent respectivement 262 chevaux pour l’avant et carrément 510ch pour l’arrière. Les plus mathématiciens auront vite fait le calcule et déduit que la puissance totale culmine à 772 chevaux. Vous serez déçu en apprenant qu’en réalité le calcul est tout autre. La batterie n’ayant pas les ressources nécessaires pour faire fonctionner ces deux moteurs à 100% de manière simultanée, la puissance est en réalité bien moins himalayenne. En conditions réelles, cette P90D délivre donc au mieux 539 chevaux, ce qui est loin d’être ridicule. Ce qui impressionne par contre d’avantage c’est le couple de 967 Nm disponible dès le premier effleurement de la pédale! C’est bien là toute la force de l’électrique !
Le chrono? Affolant! En mode normal, le 0 à 100 est abattu en plus ou moins 4 secondes. En mode sport, il est carrément avalé en à peine 3,3 secondes! Soit une demi seconde de mieux qu’une Lotus Exige! Et il reste encore un palier à atteindre! Le mode Ludicrous -traduisez par puissance démesurée – enclenché, l’écran nous annonce un délais de 10 min de chauffe.
En effet, ce mode de conduite facturé en option à plus de 11.300 euros doit respecter une mise en température des batteries afin d’en exploiter tout le potentiel. Au même titre qu’un certains temps de refroidissement afin d’éviter toute surchauffe lorsque vous vous serez amusé à faire 4 ou 5 départs canon.
Nous voila donc avec les batteries chargées à bloc et à bonne température. La tête calée au fond du siège pour éviter toute visite chez notre ostéopathe, nous écrasons la pédale d’accélérateur. La réponse est directe et sans appel! Pas le temps de réfléchir que vous vous retrouvez avec la mâchoire soudée et enfoncée jusqu’à la gorge! Le mains s’agrippent fermement au volant par réflexe. A peine vous avez pris le temps de réaliser ce qu’il se passe que vous devez déjà relâcher l’accélérateur sous peine de voir arriver – avec difficultés certes – un gyrophare bleu dans le rétroviseur. Quelle claque!
Il est évident que tout véhicule, même équipé d’un V12, que vous croiserez sera laissé sur place. C’est du moins vrai jusqu’à une certaine limite. Passé les 100 km/h, la poussée se montre déjà moins impressionnante, sans pour autant être ridicule.
La P90D est accélère donc comme un dragster mais est-elle peu maniable pour autant? Il est vrai qu’avec une masse de presque 2.200 kg à vide, on redoute un comportement pataud. Pour palier à ce problème, la Model S à minimiser au maximum les risques en abaissant son centre de gravité au plus bas. La technique? L’implantation des batteries dans le plancher. Mieux encore! Il vous est, en option, possible de choisir pour la suspension pneumatique « Smart Air » qui adaptera celle-ci selon vos envies. Toujours plus surprenant et grâce à la localisation GPS, la Model S retient où nous avons modifié la suspension – par exemple pour monter une bordure ou emprunter un chemin dégradé – afin de l’appliquer automatiquement la prochaine fois. Astucieux !
Sur la route, et malgré ses énormes jantes de 21 pouces, le confort est tout à fait remarquable mais apparait un peu ferme. Il serait selon nous plus judicieux d’opter pour la monte de série en 19 pouces surtout connaissant l’état regrettable des routes wallonnes. La Model S ne rechigne pas devant une conduite plus soutenue. Il vous suffira de régler la suspension au plus bas pour scotcher cette berline à l’allure bien sage sur la route. Les freins, ayant tout de même fort à faire, nous ont impressionnés par leur efficacité et leur longévité surtout lors des nombreux exercices d’arrêt d’urgence que nous leurs avons fait endurer. Et l’autonomie dans tout ça? C’est évidemment les question qui brule les lèvres. Si Tesla annonce une autonomie de 500km avec sa P90D, celle-ci dans la réalité s’établira d’avantage à 400km en conduite normale mais dépendra fortement du type de trajet. Choisissez de vous enivrer de toute sa puissance jusqu’à épuiser ses batteries et vous ferez tout au plus 150 à 200 km. Du simple au double donc mais pas de panique, même si nous avouons garder un oeil attentif sur l’autonomie restante, la Tesla ne nous laissera pas tomber.
Grâce à son système de navigation, la borne de recharge la plus proche vous sera indiquée pour éviter toute mauvaise surprise. Si vous comptez entreprendre un long trajet, sachez que le système de navigation calculera votre itinéraire en tenant compte des bornes de recharge à disposition sur ce trajet. Intelligent mais surtout rassurant!
Tant à parler de longs trajets, autant que ceux-ci se fassent de la manière la plus détendue qu’il soit et d’enclencher le pilotage automatique. Pardon? Non, nous ne sommes pas à bord d’un Airbus et ce n’est pas le commandant de bord qui vous parle.
Vous pourrez en option équiper votre Tesla de ce dispositif. Tirez sur autoroute deux fois la commande de l’autopilot vers vous et la voiture se met à suivre sa bande tel un train suit ses rails en adaptant sa vitesse aux voitures qui vous précèdent. Une simple activation du clignotant vous permettra de changer de bande sans se soucier de ce qui s’apprête à vous dépasser.
La voiture anticipe le coup et n’amorcera que son changement de bande, une fois la voiture passée et tout risque de danger écarté. Il est tout de même utile de rappeler que les mains doivent toujours rester sur le volant et que la vigilance du conducteur ne doit pas être prise à défaut aussi tentant que ça soit. Que d’éloges pour le moment donc mais attardons nous sur l’habitacle et la finition intérieur.
On connait la réputations des voitures américaines pour la qualité de leur finition intérieur en deca des références allemandes. Il faut bien avouer que nous avons été agréablement surpris sur ce point. La première chose qui frappe évidemment, c’est l’énorme écran tactile de 17 pouces permettant de contrôler à peu près tout les fonctionnalités du véhicules, que ça soit la suspension, les phares ou encore le toit ouvrant! Ce dernier est également contrôlable via le volant multifonctions. Bien vu! Les plus mélomanes pourront user et abuser de l’application Spotify pour écouter leurs envies du moment ou une radio péruvienne grâce à l’application TuneIn.
On remarque un réel progrès sur la qualité des assemblages qui est irréprochable. On remarque ci et là encore quelques plastiques disgracieux mais la finition du Pack Premium (3.300€) en placage d’obéché brillant, son tableau de bord partiellement recouvert d’alcantara ou encore ses sièges en cuir du plus bel effet vous feront vite oublier ces petits défauts.
Autre grand nouveauté est l’adoption du système de filtration d’air HEPA. Celui ci est annoncé comme étant 100 fois plus efficace qu’un quelconque filtre haut de gamme. Il permet d’éliminer au minimum 99,97% des particules liées au gaz d’échappements et de repousser la plupart des bactéries et allergènes.
Gros point noir par contre, les espaces de rangements quasi inexistants dans l’habitacle. Ceux ci ce résument par la boite à gants et un vide-poche entre les deux sièges avant. Même si ce dernier fait depuis le lifting partie de la dotation de série, il est dommage qu’il soit si peu pratique. En effet, divisé en 2 parties dont une avec chargeur USB, ce bac de rangement n’est pas vraiment au point. Vous aurez beau avoir pris la peine de brancher et ranger votre Iphone dernier cri dans la partie prévue à cet effet, vous finirez tout de même par aller devoir le récupérer péniblement sous les porte-gobelets disposés dans la seconde partie. Il fallait bien lui trouver un défaut!
Malheureusement, tout cela à un prix et à près de 160.000 €, la P90D ne s’adresse décidément pas à toutes les bourses. Il faudra encore un peu de patience pour voir arriver la Model 3 mais de ce que nous avons vu avec la Model S, nous comprenons mieux le succès de cette dernière.
Et si…
…et si c’était ça le plaisir automobile de demain?Nous avons été impressionnés par la technologie embraqué, agréablement surpris par la finition et bluffés par les performances galactiques de l’engin. Il ne nous a seulement manqué ce petit quelque chose en plus qui vous hérisse le poil avec une voiture de cette trempe…