Si la C63s AMG tentait de camoufler sa puissance sous la robe grise d’une berline familiale, il n’en est pas de même pour la Mercedes-AMG GT. Immense capot et petit habitacle, le tout très bas sur le sol et dans une magnifique teinte jaune Solarbeam. Rien que de la regarder, le cœur bat plus vite. Et ce n’est pas uniquement parce qu’on va en prendre le volant dans les secondes qui suivent.
Une fois en route, il suffit d’observer la réaction des passants sur les trottoirs : les têtes se dévissent, les yeux s’écarquillent, les bouches s’ouvrent et les pouces se lèvent. Imaginez une Porsche 911 Turbo rouge devant ou derrière, qui la regarderait ? La Mercedes-AMG GT aura vite fait de monopoliser l’attention tellement sa plastique impressionne.
L’intérieur participe aussi au charisme que la GT dégage. Les sièges AMG Performance optionnels lui vont bien mieux que ceux de série. Le tunnel central rassemble 4 boutons de chaque côté afin de représenter le V8 qui se trouve sous le capot avant. La finition est à l’image de ce qu’on attend d’une voiture dont le ticket d’entrée approche les 120.000€, mais en levant les yeux vers le toit vitré, on retrouve une « rampe » de boutons bien connue. Toute droite reprise de la gamme « A », la fonction de certains boutons a changé, mais pas leur plastique. Heureusement, les regards ne se posent que rarement dessus. Autre bémol, des bruits de grincement du mobilier et du hayon agacent sur mauvais revêtement.
Une fois dans le baquet derrière le volant, on ne voit plus que le très long capot. Si la Mercedes-AMG GT n’est pas très grande, le premiers kilomètres au volant restent impressionnants. Pas facile de juger de la longueur du capot dans les manœuvres. Et puis il y a ces magnifiques jantes qu’on n’aimerait mieux ne pas gratter sur les bordures, alors quand on croise d’autres voitures dans les petites routes, on peut vite essuyer quelques sueurs. On ne va pas s’éterniser sur le petit coffre et son grand hayon, ce n’est pas vraiment pour ça que les AMG GT se vendent !
Mais plutôt pour le coffre de son moteur. Même pas 500ch. Beaucoup seraient tentés de rire, mais derrière le volant il n’y a pas de quoi. Le V8 4,0l biturbo se fera un plaisir de vous plaquer dans le fond du siège dans un grondement de tonnerre. Et en ces journées de fin novembre, il faut doser. D-O-S-E-R ! L’électronique rattrape vite fait les excès d’optimismes, mais pour être francs on a pensé à sceller le bouton qui désactive l’ange-gardien pour être certains de ne pas l’enfoncer par inadvertance. Vous êtes nostalgiques du V8 6,2l atmo ? N’ayez crainte, le nouveau venu a du caractère et de la voix à revendre !
L’équilibre de la voiture est sain, mais les gros boudins n’en font pas une « Drift Machine » à la portée de tous. Sur un sol en général gras et humide, voire détrempé, on ne s’y risquera pas et on préférera doser finement l’accélérateur. On l’a déjà dit plus haut, mais retenez : doser. C’est à peu près tout ce qu’il faut savoir à propos de l’AMG GT. Presque assis sur les roues arrière, on sent heureusement tout de leurs mouvements. En revanche, il manque à la Mercedes-AMG GT une direction très précise pour aller avec son châssis très affûté, et offrir au conducteur la sensation d’être tout à fait en contact avec la route. Cela dit, on n’en est pas loin heureusement. Et grâce à l’amortissement piloté optionnel, on peut très bien avoir une voiture très rigide en Sport +, ou une vraie « Grand Tourisme » en mode confort.
C’est là qu’on se rend compte que la Mercedes-AMG GT ne porte pas son nom par hasard. Clairement, son confort (relatif), son équilibre, son V8 coupleux et sa boite rapide et douce incitent à la balade. Le V8 ronronne gentiment comme un paquebot alors qu’on cruise tranquillement. Seulement voilà, il est impossible de résister longtemps aux charmes de la GT, et dès qu’un enchainement de virages se présente on tourne le sélecteur de mode en « Individual » qui, selon nos paramètres, fait passer le moteur en Sport+, la boite en mode manuel, tout en gardant l’ESP bien en marche et l’amortissement en mode confort. Parce que oui, on est en Belgique et on a donc besoin d’un amortissement conciliant pour ne pas s’offrir de frayeurs.
L’échappement s’ouvre, le V8 hausse d’un ton, on tombe un rapport accompagné de déflagrations à l’échappement avant de partir à l’assaut des virages. Avec 462ch, le premier des virages a vite fait de vous sauter à la figure. Alors on écrase les freins tout en tombant deux rapports. Encore quelques déflagrations dans l’échappement, tellement puissantes que leurs vibrations remontent jusque dans la colonne vertébrale. Jouissif !
L’avant pourrait être plus rapide à l’inscription, mais on est ici dans une GT et son poids est conséquent. Une fois l’AMG bien calée dans ses appuis, on reprend un filet de gaz pour l’y maintenir et là les énormes Michelin Pilot Super Sport font parler la poudre. Une fois le bitume sec et la gomme à température, ce sont des ventouses. On peut alors doser l’accélération et nous voilà à nouveau coincés dans le fond du siège jusqu’au prochain freinage. Non équipée des freins céramiques optionnels, la Mercedes-AMG GT qui nous occupe met en confiance avec son système en fonte classique. Autant dire qu’on pourrait répéter cet enchainement jusqu’à la fin de nos jours.
Mais il faut assez régulièrement penser à abreuver le fauve. Ce V8 4.0l biturbo aura bien vite raison des 75l de son réservoir. Et ça, c’est parce qu’il a eu raison du conducteur en premier. Sur l’autoroute en mode Confort à 120km/h l’AMG GT passe de temps à autre en roule-libre pour économiser du carburant. Le résultat est une moyenne de 11,5l/100km. Mais une fois qu’on sort de l’autoroute, il est difficile de se maintenir sous les 15l/100km. Et puis une fois que la magie du V8 a fini de nous achever, voilà que la consommation s’envole vers les 25l/100km quand le mode Sport+ est activé. Désolé messieurs écolos, on est bien conscient de nos actes, mais à toute personne qui dira que c’est du gaspillage, on répondra d’essayer la voiture. Quel plaisir !
Et si…
… la 911 n’avait qu’à bien se tenir ? La Mercedes-AMG GT accuse encore quelques kilos en trop, mais elle a déjà bien de quoi faire de l’ombre à sa voisine de Stuttgart.