Le style n’évolue pas en profondeur, mais la Jaguar XF millésime 2016 soigne son agressivité. La « nôtre » particulièrement. Elle a beau être mue par un quatre pattes mazouté tout ce qu’il y a de plus banal, elle en jette avec sa finition R-Sport, son Pack Black, sa carrosserie Ammonite Grey et ses jantes de 19’’. Effet garanti ! Son dessin fait également plus jeune que les précédentes générations, mais il faut désormais se lever tôt pour différencier une XF d’une XE.
L’habitacle est dans la même veine : tout est gris mais pas exempt de charme. La nouvelle console centrale des petites berlines Jaguar est lisse, et présente très bien. La seule faute dans l’assemblage de cet habitacle reste les commandes de lève-vitres qui font tout de même cheap. On notera aussi les nombreuses griffes que les plastiques noirs laqués retiennent. La cinématique du démarrage avec les ouïes de ventilations qui se retournent, et le sélecteur de vitesse qui sort du tunnel central impressionne toujours autant les badauds qui montent en passager. Ils sont tous d’ailleurs bien installés, mais le conducteur l’est encore mieux. À peine la position de conduite réglée, on s’imagine déjà parcourir de longues distances au volant de cette Jaguar XF.
Ça tombe bien, on part d’Anvers pour rejoindre les Ardennes. La Belgique du nord au sud, d’une traite ! Sur l’Autoroute, la XF impressionne déjà par ses relances et sa faculté à « cruiser » en toute sérénité. À son volant, les kilomètres sont abattus sans peine. La voiture est bien plantée sur ses roues et la tenue de cap n’est pas à prendre en défaut. L’autoroute semble être son domaine, mais on espère que sur les petites routes aussi elle saura plaire.
Il est tard le soir, le thermomètre indique 0°C et les abords de la route sont blancs. Pas d’excès, on reste en mode ECO, et on laisse l’excellente boite auto huit rapports ZF faire le boulot. Sans enfoncer de trop l’accélérateur, le moteur ne se fait pas entendre. Pour museler son chant peu plaisant, on utilise le mode ECO. La boite passe alors les rapports plus tôt, sans pour autant qu’on ressente un quelconque manque de puissance. Il faut dire que le nouveau bloc Ingenium serait presque du genre tracteur. Arrivé à destination sans stress malgré une propulsion et des conditions plutôt glissantes, il faudra attendre le lendemain pour tester réellement les qualités dynamiques du nouveau châssis.
Le lendemain, la fine pellicule blanche a fondu et le thermomètre est repassé dans le positif. Il est temps de sortir promener le félin sur les virolos du coin. La légèreté – relative, 1595kg – se ressent dès les premières accélérations. Mais aussi dans les freinages puissants. Ensuite c’est la rigidité qui impressionne. La direction est très consistante, et sa précision ne faiblit jamais. La Jaguar XF ne se tord pas dans les appuis. Au contraire, elle aime s’y jeter et s’en extraire aussi vite que possible. À ce petit jeu, l’équilibre de la propulsion se ressent mais ne s’est jamais montré piégeur. Il faut dire que l’électronique veille au grain, anéantissant la moindre amorce de glisse. On ne s’en plaindra pas dans ces conditions, mais de temps en temps on serait en droit de lui demander un peu plus de liberté. Le comportement dynamique est au niveau des références que sont les concurrentes allemandes, et surtout munichoises.
Le plaisir est total lorsqu’on se bouche les oreilles. Le nouveau 4 cylindres diesel Ingénium sait pousser, et pas qu’un peu. Son association avec la boite ZF est à la limite de la perfection, avec une réponse aux injonctions des palettes quasi instantanée. Mais là où il pèche, c’est pour sa sonorité prononcée en accélérations, et donc forcément lorsqu’on se fait plaisir en « ouvrant » sur les petites routes de campagnes, mais pas ragoutante pour un sou. On va passer pour des clients mécontents, mais vu les qualités du châssis on aurait vraiment apprécié un chant de V6 3.0l à compresseur par exemple. Note qu’avec 200ch de plus que cette version de 180ch, la XF doit passer de la catégorie avions à hélice, à ceux à réaction !
Et si…
… la Jaguar XF 2.0d était une magnifique alternative aux Allemandes ? Avec un V6 pour l’émotion mécanique s’il vous plait.