Ce n’est un secret pour personne : si le secteur automobile traverse une crise sans précédent depuis quelques années, avec l’éclatement au grand jour de l’affaire du dieselgate, Toyota, a décidé depuis longtemps de cibler ses nouveaux développements sur des véhicules alliant, pour la plupart, praticité et écologie. De ce fait, au vu du climat actuel, le constructeur nippon a dû jouer de compromis pour refaire du nom Supra une réalité. Et quel compromis ! Alors que la Supra figure dans le temple des voitures de sport les plus mythiques au monde, Toyota s’est allié à BMW pour mettre au point une plateforme commune, exploitée dans le clan allemand pour la nouvelle génération de la Z4.
Il serait donc faux de dire que l’âme Toyota transpire de cette Supra d’un point de vue technique. Sous son capot, nous retrouvons l’excellent six en ligne 3.0l de la Z4 M40i, développant une cavalerie de 340 chevaux, pour 500 Nm de couple, disponible dès 1600 tours/minute. Le moulin est associé à une boîte automatique à huit rapports signée ZF, qui se charge d’envoyer l’intégralité de la puissance aux roues arrière.
Les ingénieurs japonais ont affûté le châssis et l’optimisation de l’architecture, de façon à proposer un poids inférieur de 40kg face à la Z4 (1495kg pour la Supra). Dans le même temps, le châssis et les suspensions se montrent plus rigides, pour un tempérament bien plus sportif que celui de la teutonne. Dans la pratique, cela permet à la Supra de s’élancer à 100 km/h en quelques 4,3 secondes.
A son bord, les amateurs BMW ne seront pas dépaysés, et découvriront le même système multimédia, des commandes de climatisation identiques et un sélecteur de vitesse semblable. Le volant est également emprunté au constructeur à l’hélice. Toutefois, le cockpit virtuel se démarque plutôt bien avec une architecture alliant des composants physiques et numériques. Le compte tour est placé au centre de l’attention, tandis que le reste de l’écran nous indique diverses informations pratiques, telles que la consommation, l’activation de certaines assistances, ou encore la limitation de vitesse en vigueur à l’endroit où le véhicule circule.
Globalement, la finition est plus que correcte, même si elle n’atteint pas les standards de BMW, notamment au niveau de certains plastiques ou de techniques d’assemblage, laissant apparaître des bruits parasites peu agréables pour une voiture de ce standing. L’habitacle est également moins généreux en espaces de rangements que celui de la Z4. En revanche, l’accès au coffre est relativement aisé depuis le poste de pilotage. Au final, le bilan est plutôt positif, avec une voiture embarquant des technologies de pointe, mais sachant les mettre de côté pour profiter d’une conduite “à l’ancienne”.
Justement, parmi les technologies embarquées dans cette Supra, nous retrouvons les feux LED matriciels automatiques, la charge à induction pour smartphone, le système de freinage anti-collision avec détection de piétons, ou encore le régulateur de vitesse adaptatif. Contrairement à BMW, qui pratique la stratégie du “à la carte”, Toyota a fait le choix d’intégrer presque toutes les options dans la dotation de série. En dehors de la teinte de carrosserie, dont le prix peut varier entre 0 et 900€ et le premium pack, incluant justement l’affichage tête haute, le chargeur wireless et le sound system JBL, tout est fourni d’origine dans cette Supra. Cela implique donc un prix de base plus élevé, puisqu’il est fixé à 65.500€ en Belgique.
Au démarrage, le grondement du six en ligne est étouffé par le filtre à particules, rendant la voiture presque silencieuse. Après seulement quelques centaines de mètres à son bord, on se rend immédiatement compte du travail effectué sur l’amortissement. Nonobstant la position de conduite et le manque d’espace inhérent au coupé, on se croirait au volant d’une berline haut de gamme tant le niveau de confort est élevé. En mode confort, l’habitacle insonorise très bien les bruits de roulement générés par les boudins de 275/35 R19 placés juste derrière les sièges. On se verrait presque partir en vacances avec tant elle est agréable.
En s’écartant des grands axes, qui laissent leur place à des routes plus sinueuses, on active le mode sport, qui la transforme instantanément. Le moteur, autrefois silencieux, dévoile mieux son timbre vocal. Nouvelles normes obligent, le coupé reste malgré tout trop silencieux à notre goût. L’achat d’un nouvel échappement règlera très probablement ce petit souci.
Très linéaire, le bloc encaisse sans broncher toutes les sollicitations du pied droit et ce sur toutes les plages de régime. Dans le même temps, le châssis, calibré tout spécialement par les ingénieurs japonais, se montre redoutable. Alors que le train arrière assume sans broncher la cavalerie, l’essieu avant se laisse guider avec une précision déconcertante et sans jamais montrer le moindre signe de décrochage. Sans avoir eu réellement le temps durant notre essai de pouvoir exploiter le plein potentiel de cette Supra, elle nous apparaît comme une sportive au comportement sain mais amusant.
Et si…
La Toyota Supra A80 des années 90 restera encore longtemps dans les pensées des amateurs de belles mécaniques, cette nouvelle Supra a pu surfer avec brio sur la vague des mutualisations de plateformes, dans une époque malheureusement compliquée pour l’automobile sportive. Pour cela, nous tirons notre chapeau à Toyota d’avoir ressuscité la Supra.