Un bouclier avant largement perforé d’ouïes béantes semblant lécher la route, des hanches rebondies et un capot aux traits acérés, voici la recette du look de la M4. Sans oublier le bouclier arrière, ses quatre sorties d’échappement groupées deux à deux au centre et intégrées dans un diffuseur. Et aussi quatre petites touches de jaune dans les jantes. Du tunning ? Non, les freins en céramique ! Option coûteuse, mais ô combien salvatrice avec 431ch et 1865kg annoncés à vide. Rapide coup d’œil aux boudins en caoutchouc, ce sont des pneus hiver. Aïe, le toucher de route va en pâtir, mais au moins on ne risquera pas l’aquaplaning.
Quentin :
Place à bord, l’intérieur tout cuir rouge et noir avec les inserts en carbone flattent les sens. La finition est irréprochable et la qualité des matériaux force le respect. Pression sur le bouton Start, et la BMW se réveille dans un feulement grave mais sourd. Il faut avouer que l’idée que BMW ait pu implanter un double turbo sur sa mythique M3 – pardon, M4 – laisse assez dubitatif. Le downsizing atteint même les mythiques sportives présentes en posters dans les chambres d’ados.
Premiers tours de roue et premières gouttes de pluie. Zut, la M4 remet le haut. Espérons que ce ne soit que temporaire afin de nous laisser profiter du chant du 6 en ligne cheveux au vent. Sur les petites routes en direction de la capitale, la M4 se montre étonnamment plus moelleuse que ce qu’elle pouvait laisser attendre. En mode Confort, la voiture se montre douce et discrète de quoi pouvoir entamer de longs trajets sans fatiguer… Quoi que ! Un couinement désagréable du toit escamotable survient sur chaque bosse ou défaut dans le bitume. Il faut dire que ce toit escamotable pèse lourd et que la structure est mise à mal. Comptez environ 250 kg de surplus par rapport au coupé, ce n’est pas rien et cela ce ressentira si vous comptez brusquer la belle. En revanche, si vous êtes un habitué de la « balade des anglais » coude sur la portière avec vos Tom Ford sur le nez, cet embonpoint ne devrait pas vous gêner.
Nous voici enfin sur la nationale, moteur à température, j’enfonce l’accélérateur. Ce 6 en ligne biturbo vous colle au fond du siège dans un grondement sourd mais agréable. Manu et la Subaru XV transportant le matériel photo disparaissent petit à petit dans le rétroviseur. Cette M4 pousse incroyablement fort !
Néanmoins, sur mouillé la motricité est mise à mal et l’ange gardien, répondant au nom d’DSC, veille. Pour le moment, impossible de tester tout son tempérament. Il faut dire que ce 6 en ligne bi-turbo se montre très réactif alors que l’ancienne version V8 était plutôt creuse à bas régime. Comprenez par-là, qu’elle peut vite devenir piégeuse si l’envie vous vient de déconnecter le DSC. Il n’en faudra alors pas beaucoup pour que les 431 chevaux vous surprennent.
Thibaut :
Vu depuis le siège passager, la M4 en mode Confort, est confortable pour une auto de cette trempe et pas encore trop planche de bois en Sport+. Le son du 6 en ligne turbo est joli, mais on entend directement qu’il a fait l’objet d’un très gros travail, avec notamment une résonance accrue dans l’habitacle via les baffles du système audio. Alors que, pendant le trajet le ciel a déversé toutes ses larmes, à notre arrivée à Tour&Taxi le ciel s’est dégagé. Voilà qui est parfait pour la séance photo dans les magnifiques hangars, témoins du riche passé industriel de notre pays.
Quentin :
Fin du shooting, nous reprenons la route, le toit rangé bien sagement dans le coffre. Le vent est certes toujours frais en ce début de printemps mais, chauffage, filet anti-remous et chauffage de nuque font partie de ces astuces qui vous permettent de décapoter même par des températures négatives. Direction les tunnels bruxellois afin de mieux profiter des vocalises de notre missile. Le pied intégral ! La M4 chante d’abord dans les tons graves pour ensuite partir vers vocalises plus aigües. On perçoit néanmoins un petit quelque-chose d’artificiel. Les baffles intensifient les râles du 6 en ligne et l’habitacle agit vite comme une caisse de résonance.
Nous nous extirpons enfin de la ville pour mieux profiter des aptitudes de la M4. Nous retrouvons un ami, grand inconditionnel de la marque et en particulier des modèles Motorsport, qui nous a rejoint avec sa M3 E46. L’envie de pousser la chansonnette avec nos deux six en ligne est inévitable.
Thibaut :
Manu troque sa place de conducteur dans la Subaru XV contre ma place de passager dans la M4. J’en profite pour sauter dans la M3 E46 façon GT3. Comprenez : un volant, 2 baquets, un arceau et 4 semi-slicks.
Première constatation : le son !
La M4 sonne bien mieux de l’intérieur que de l’extérieur. À l’intérieur, avec le travail effectué sur le son, on n’entend presque pas le sifflement des turbos. Tandis qu’à l’extérieur, et surtout de devant, il est tout à fait audible. La M3 E46 et son straight-six atmo qui prend 9.000tr./min sonne, comment dire, … différent ! Beaucoup plus métallique, et un peu comme une moto 50cc. Des mots de son pilote : « C’est connu, les M3 E46 ça chante comme des casseroles ».
Deuxième constatation : l’adhérence des pneus.
Même depuis le siège passager on sent que les semi-slicks accrochent beaucoup plus, sur les routes qui sèchent déjà, que les pneus hivers de la M4.
Quentin :
Les virages s’enchainent et bonne nouvelle, les freins sont à la hauteur ! La M4 malgré ses pneus hiver, n’a aucun mal à suivre la cadence imposée par la M3. En ligne droite, point de doute, le 6 atmo ne peut plus rien contre le souffle des turbos. Le changement de rapport par les palettes est un régal et chaque rétrogradage s’accompagne d’un délicieux jappement.
Ces deux générations de moteurs ont une philosophie bien différente. D’un coté, la M3 avec son moteur atmosphérique au son métallique et travaillé comme une vrai bloc de course. De l’autre, la M4 qui joue plutôt la carte de l’embourgeoisement avec son double turbo et son échappement plus sourd. La différence entre ces 2 voitures est marquante. Pourtant la M4 pousse plus fort que son aïeule mais les frissons, c’est dans la E46 qu’on les retrouve. Du coup la question se pose, la M4 aurait-elle muri trop vite et perdu de son coté Bad Boy?
Thibaut :
La nuit est déjà bien avancée quand nous laissons la M4 en compagnie des Subaru et Skoda. Après quelques heures de sommeil, il nous faut arriver à 12h00 chez BMW. Rien de bien impossible en partant tôt le matin, sauf qu’on ne va pas prendre de raccourcis. Réveil du fauve le matin, l’ordinateur de bord indique 58km d’autonomie pour ¼ du réservoir encore disponible. Quentin aurait-il eu le pied lourd hier ? Il va falloir abreuver l’animal en tout cas.
En ville, peu de têtes se retournent vers la voiture, preuve que la robe discrète fait son affaire. Une fois l’échappement ouvert et le pied droit un peu lourd, par contre, elle ne peut plus rien. Avec une teinte plus voyante, il y a fort à parier qu’elle ne passerait jamais inaperçue.
Comme à son habitude, le ring de Bruxelles est embouteillé. Le GPS propose de rejoindre Bornem par les petites routes, on accepte ? Oh que oui ! La M4 se conduit comme une voiture normale, la technologie aide. Et puis quand on pousse, les aides électroniques jugulent les excès d’optimisme du conducteur. Il n’y a pas non plus ce satané « effet turbo » dont on a tant parlé dans les années 80. Ici ça pousse tout le temps et fort, mais jusque 7.750tr.min. Rien à voir avec la M3 E46 d’hier ! Rien à voir non plus pour ce qui est du poids. Lors les freinages comme en virage, on sent que la M4 Cabriolet n’est pas une plume, et il faut un minimum en tenir compte sur les routes grasses.
À 120km/h sur l’autoroute, la M4 se paie la tête de Subaru. Pour la même vitesse de croisière, ce sont deux litres de moins aux 100 kilomètres. Dur à croire, et pourtant c’est véridique. En conduite sportive par contre, les 20 litres sont vite atteints.
On l’a vu hier, cette M4 a mûri par rapport aux M3 qu’elle remplace. Elle est diablement efficace et facile à vivre au quotidien. Les freins sont même – enfin – à la hauteur et elle se pose comme sérieuse concurrente à la 911. On ne peut donc pas lui reprocher grand-chose, si ce n’est peut-être de vouloir trop bien faire.