Depuis la sortie de la nouvelle Série 7 mise à jour et plus récemment celle de la Série 4, BMW fait couler beaucoup d’encre sur les réseaux sociaux pour ses choix en termes de style. Si nous laisserons la qualité de ces choix à votre propre appréciation, est-ce que la nouvelle M4 continue à transmettre l’ADN d’une “vraie” BMW ?
Avec 35 ans de carrière, la BMW M4 Coupé (anciennement M3) n’a jamais cessé de surprendre par sa brutalité et ses capacités dynamiques. Au fil des années, la sportive a toutefois pu faire de très grands progrès au niveau de la polyvalence. Alors que la génération précédente, nom de code F82 revenait à son traditionnel six en ligne après l’utilisation d’un V8 atmosphérique sur la M3 E92, cette sixième génération du modèle nous revient avec un tout nouveau bloc moteur à six cylindres, que l’on retrouve aussi sous le capot des X3 et X4M. Baptisé S58 en interne, il dispose d’une puissance de base plus élevée. Sur une M4, il peut ainsi fournir 480 ou 510 chevaux pour un modèle Competition. Selon la version, le couple max est fixé respectivement à 550 et 650 Nm. Sur la M4 Competition, l’entièreté du couple est disponible dès 1750 tours/minute, contre 2.650 tours/minute sur le modèle “de base”.
Si BMW a fait le choix d’abandonner sa boîte DKG au profit d’une ZF à huit rapports, plus fiable et confortable, les acheteurs d’une M4 pourront opter pour une boîte mécanique à six rapports, mais uniquement sur la version d’entrée de gamme. Avec des dimensions revues à la hausse, la masse à vide grimpe tout de même de 185 kg. Malgré cela, les performances annoncées par la marque sont rassurantes. Le 0 à 100 km/h est abattu en 3,9 secondes et le châssis a été revu de fond en comble pour offrir un meilleur équilibre à haute vitesse.
Pour cet essai, BMW nous a donné l’occasion de découvrir la voiture en première sur la piste belge de Zolder pour deux sessions de quarante minutes. Nous avons ensuite pu reprendre pour quelques jours un exemplaire à la rédaction pour faire plus ample connaissance.
Dans le paddock, la première impression qui semble être de l’avis de beaucoup a été “ah oui ! c’est quand même moins moche que sur les photos”. Effectivement, si votre serviteur émet encore quelques réservés sur cette nouvelle voie que prend BMW au travers de ses designs, les proportions sont mieux réparties en la voyant de ses propres yeux. En s’éloignant un peu de la calandre qui concentre à elle seule plus de 90% des réactions négatives à l’égard du coupé (et de la berline), BMW n’a une fois de plus pas fait dans la dentelle avec son modèle fétiche. Les voies sont fortement élargies et le kit carrosserie lui permet de bien montrer que nous n’avons pas affaire à une “banale” Série 4 survitaminée. A son bord, nonobstant une planche de bord plus élégante et mieux finie, les sièges sport (en option) jonchés de fibre de carbone et de cuir Nappa annoncent directement la couleur.
En démarrant le moteur, la première bonne nouvelle concerne le système d’échappement d’origine qui apporte une sonorité vraiment sympathique, et ce en tenant compte des normes très restrictives en matière de “pollution” sonore. La sonorité est plus rauque et moins métallique que celle de la précédente mouture. En tenant compte de l’embourgeoisement de l’habitacle, BMW a tout de même fait le nécessaire pour que les vocalises du six en ligne se fassent plus que correctement entendre par les occupants.
C’est parti pour un petit tour de reconnaissance derrière notre moniteur qui évolue dans une M5 Competition. En mode dynamique, configuré ici sur le mode M1 (spécifiquement pour une journée sur circuit) accessible via le volant, on se rend compte du premier gros changement : la boîte. Avec la ZF, une bonne partie du caractère très brutal du modèle s’en est allée avec la DKG qui a été remisée au placard. Certes, les passages de rapports sont effectués avec une vitesse déconcertante mais la quasi suppression des coupures de gaz entre les rapports à pleine charge casse quelque peu son approche bestiale. Avec un moteur pouvant encaisser près de 8000 tours/minute et de nouveaux turbocompresseurs paramétrés aux petits oignons, les accélérations, emmenées avec une sonorité bien travaillée, sont juste bluffantes.
Dans les virages appuyés, le travail colossal réalisé par les ingénieurs est largement mis en lumière. Le train avant est collé au sol et rend la voiture bien plus saine et abordable à piloter. Comme d’habitude, le conducteur peut compter sur BMW pour lui proposer une voiture dotée d’une direction nette et précise renvoyant en bonus beaucoup d’informations. Sur l’arrière, le gain de puissance ne lui empêche pas de fournir une motricité incroyable.
Via les modes de conduite, cette nouvelle M4 ne se contente pas que de proposer un sélecteur confort-sport-sport+. Ici, chaque organe de la voiture peut être paramétré individuellement. Il est ainsi possible d’influencer la réponse à l’accélérateur et la cartographie du moteur, le tarage de la suspension, la sensibilité de la direction ou encore la progressivité du freinage. Pour rendre le choix facile, le volant est doté de deux boutons rouges, M1 et M2, qui permettent d’enregistrer des raccourcis. En conduite de tous les jours, on peut ainsi opter pour un mode M1 en mode soft et un M2 plus sportif, avec les valves d’échappements ouvertes, par exemple. Bref, rien de bien nouveau pour les habitués de BMW M mais l’interface offre bien plus d’amplitude dans les réglages que par le passé. En fouillant un peu plus dans les menus liés à la conduite, il est aussi possible de jouer sur la gestion de l’antipatinage avec dix positions. Concrètement, il permet de choisir le niveau de glisse tolérée par le système avant de reprendre la main. Pour les amateurs de drift, un menu portant ce nom est également inclus. Il suffit de lancer une session pour obtenir une note sous forme d’étoiles. Apprendre en s’amusant !
Sur la suite de notre run à Zolder, nous avons pu remarquer que le freinage a été revu. Si les freins carbone-céramique passent les tests d’endurance haut la main, il est agréable de constater que le kit de freins acier d’origine encaisse bien mieux les tours sur circuit.
Alors que cette M4 Competition a pu nous permettre de prendre des sensations rarement atteintes avec ce genre de bolide sur circuit, la suite de notre essai, réalisé sur route ouverte, a pu nous prouver que cette voiture possède deux visages. Aussi efficace qu’impressionnante sur circuit, cette M4 n’a jamais été une aussi bonne routière. En faisant abstraction des sièges sport ultra rigides, le niveau de confort atteint largement celui d’une Série 4 conventionnelle. En mode confort, la suspension adaptative feutre très bien les aspérités de nos chères routes belges, sans pour autant devenir trop molle. L’évolution de l’habitacle avec des matériaux mieux finis et assemblés renforce également cette sensation de polyvalence. Livrée de série avec un cockpit virtuel et un système d’info-divertissement haut de gamme, la voiture embarque toutes les technologies actuellement proposées par le fabricant bavarois. Pour conclure, notre demi semaine d’essai s’est soldée sur une consommation de l’ordre de dix litres par cent kilomètres.
Pour le prix, l’offre débute en Belgique à 86.300 euros. Avec une liste d’équipements de série pourtant bien fournie, le tarif s’envolera rapidement avec de nombreuses options stylistiques et technologiques. En optant pour une M4 Competition comme celle qui vous a été présentée durant cet essai, il faudra débourser près de 130.000 euros. Pour ce prix, elle s’équipe de jantes Competition, du kit carbone (rétroviseurs, écopes à l’avant, diffuseur, …), des feux Laser et des sièges M Carbon.
Et si…
Cette nouvelle M4 se rapprochait de la perfection ? Si nous émettons toujours nos réserves sur le design de sa face avant, il est impossible de nier les progrès réalisés sur tous les plans.