Un coup d’accélérateur et le V8 4,4l biturbo catapulte, dans un grondement d’échappements, le requin-baleine jusque dans les pare-chocs de la voiture qui le précède. Encore un peu il n’en ferait qu’une bouchée ! Il faut d’ailleurs penser à anticiper les freinages, pour éviter qu’il ne se casse les dents sur un obstacle. Le BMW X6 M est une vraie catapulte, mais aussi un vrai mastodonte avec ses 2340kg à vide. Et malgré son système de freinage pinçant les disques avant avec six pistons, il y a beaucoup d’inertie. Et du mono-piston flottant à l’arrière …
À chaque manœuvre on se rappelle vite à quel point le X6 M est gros, et on bénit les aides au stationnement, caméra de recul comprise. On est par contre heureux de sa taille quand on ne doit pas se contorsionner pour y prendre place, ni se baisser pour fouiller le coffre dont le plancher est à hauteur des hanches. On ne se sent pas grand à côté du BMW X6 M ! Il a la carrure parfaite pour plaire sur le marché « US ».
Et le V8 aussi. Quel plaisir d’allumer son moteur le matin et de terminer de se réveiller en entendant chanter le V8 biturbo. Pas sur que le voisinage apprécie si il n’est pas peuplé d’irréductibles « petrolheads ». En roulant et en mode « eficiency », le V8 et l’échappement se font discrets. Enfin, à condition de ne pas trop solliciter l’accélérateur. Dès le mode « sport » par contre, oubliez la discrétion. L’échappement pétarade et lâche quelques déflagrations aux passages des rapports. Amusant, mais les coups de gaz aux rétrogradages ne sont pas aussi jouissifs que dans une i8 par exemple.
La boite automatique 8 vitesses est aussi bien confortable en mode Confort, qu’expéditive en mode Sport et Sport +. On peut même en régler la vitesse de passage des rapports. Pas grand-chose à redire à ce niveau. Ni au niveau de la position de conduite d’ailleurs. BMW oblige, on est soigné aux petits oignons. Voir même choyés par les sièges multifonctions M-sport avec plus de réglages qu’il n’en faut. La présentation intérieure est tout à fait au niveau de ce qu’on attend d’une voiture qui approche les 140.000€ : des matériaux nobles, une finition aux petits oignons et une ergonomie parfaite. Reste que les passagers arrière n’auront pas vraiment d’espace à revendre.
S’il paraît clair qu’on achète un SUV pour le confort que procure sa position de conduite, le concept du SUV sur-motorisé semble moins évident. Le bitume est lisse et la route virevolte ? Une pression sur la touche M2 au volant, et en avant ! Non, on n’est pas dans Transformers, et le X6 M ne se change pas en BMW M2. C’est juste une des deux touches configurables pour fournir au conducteur ses réglages préférés. On a fait dans le simple : M1 tout en confort, et M2 tout en sport + pour attaquer. L’amortissement est alors très ferme pour contenir au mieux les mouvements de caisse.
Un virage se présente, on prend le temps de bien freiner, d’y inscrire les deux tonnes et demie du BMW X6 M, avant de reprendre les gaz. Entre la masse conséquente et les 750Nm de couple, les pneus réclament que leur injustice soit reconnue. C’était sans compter sur l’échappement aux valves ouvertes qui couvre leurs cris de douleur. Le conducteur, lui, n’en sait que trop peu dans son cocon de cuir, d’alcantara et de carbone. Les sensations sont trop filtrées que pour prétendre à la catégorie des sportives, plus légères, plus basses et plus agiles.
Le BMW X6 M, comme ses concurrents du même type, sont une classe à part, remplie de sensations à part elles aussi. Se balader tranquillement et confortablement avec le « ronron » du V8 biturbo ou écraser l’accélérateur pour laisser sur place la quasi-totalité du parc automobile avec une armoire normande, ça n’a pas de prix. Ou plutôt si, ça a un prix justement. Et c’est sans doute la partie la plus douloureuse de cette catégorie à part. Déjà le prix d’achat du BMW X6 M fait tout de suite comprendre qu’on a en face de nous une automobile d’exception. Ensuite, la consommation est à l’image du X6 M lui-même : gros, impressionnant, lourd. En conduite normale on table sur 15 petits litres pour 100km. Ceux-ci peuvent devenir 22l/100km en conduite sportive, voire plus en conduite extrême. Et puis il y a les consommables qui ont tendance à partir en fumée, tels que les plaquettes de freins et les pneus. Ces derniers ne sont pas donnés. C’est que le BMW X6 M se chausse au rayon « géants ». Géants sportifs même, du coup, ça coûte vite plusieurs centaines d’euros par pneus.
Et si…
… les coûts ne vous ont pas refroidis, c’est une manière plaisante et confortable de se déplacer autrement.