Pour faire simple, le Jeep Renegade 75th Anniversary c’est un look encore plus assumé avec une gamme de couleurs plus funky dont fait partie le Jungle Green de ce modèle d’essai. Le tout est rehaussé de quelques touches de bronze. Bling-bling sur le papier, c’est très discret dans la réalité. Les cerclages orange autour des badges le sont un peu moins, et puis des Renegade vert on n’en croise pas à tous les coins de rues. Au final, attendez-vous à ne pas passer inaperçu et à recevoir des avis tranchés concernant la couleur : on adore ou on déteste.
À l’intérieur la discrétion est réellement de mise. Les sièges sont en tissus, rehaussés de surpiqûres orange et grise. Le reste est identique à un Renegade normal. Pas de quoi pleurer donc puisque l’ensemble, de par ses formes, dégage une ambiance chaleureuse malgré les plastiques abondants. L’espace à bord est correct, même excellent sous plafond, mais le volume du coffre parait maigre comparé au volume extérieur de la voiture. Surtout quand une roue de secours taille réelle remplit le sous-plancher, et qu’un gros sac carré est y est sanglé. À quoi bon ? Surprise !
Le toit du Renegade 75th Anniversary est en fait démontable en deux panneaux en fibres, qui viennent se ranger dans un sac prévu à cet effet. Il suffit d’une clé rangée dans le dit sac pour déverrouiller les poignées, et les deux légers panneaux se laissent attraper et ranger. Bien plus simple que l’énorme et lourd hard-top du Wrangler qui nécessite d’abord de retirer six vis Torx avant de manipuler la pièce à deux adultes. Certes, le plaisir du Wrangler complètement cheveux au vent est encore plus intense.
La question est : pourquoi s’encombrer d’un toit démontable qu’il faut transporter dans un grand sac prévu à cet effet dans le coffre, ou laisser à la maison, alors qu’aujourd’hui il y a des toits ouvrants panoramiques ? Répondre à cette question revient à comprendre la philosophie de cette série spéciale. Celle qui est gravée dans les gênes de Jeep.
Que de l’esthétique ce Renegade ? Non, si le Jeep Rene75th Anniversary a droit à des équipements de série supplémentaires comme un système audio signé Beats, il n’oublie pas l’essentiel. Comment célébrer un anniversaire de la marque sans en respecter les fondements ? Impensable, du coup la transmission intégrale est présente, boite de transfert comprise. Pas courant pour un 4×4 des villes, mais ce n’est pas nous qui allons nous en plaindre.
Avec elle vient dans notre cas la boite automatique à neuf rapports et le 2l diesel de 140ch, ce qui le place en dessous de la version Trailhawk en terme de puissance. Le « 75 » est aussi moins renforcé par-dessous pour affronter les aléas du hors-piste. Le quatre-pattes craque comme un moteur de camion, ce qui n’est pas sans rappeler le gros 2,8l VM Motori du Wrangler. En fait ils partagent exactement le même caractère. Leur puissance est suffisante mais pas détonante en accélération. En revanche le couple à bas régime permet une conduite coulée en dehors des sentiers battus, surtout lorsque la boite courte est enclenchée.
Parlons de boite de vitesse justement. L’automatique neuf rapports préfère quand on enfonce la pédale d’accélérateur plutôt que quand on l’effleure. Auquel cas elle produit des à-coups qui entachent le plaisir et le confort de la conduite coulée que nécessite une Jeep. Parfait en ville de par son gabarit compact, son confort et sa facilité d’utilisation, le « 75 » peut se transformer de « banal déplaçoir » à « jouet amusant » en une pression sur un bouton, deux quart de tour de vis, et un peu d’huile de coude pour ranger les deux panneaux de toit dans leur sac.
Fini la monotonie, bonjour la singularité. Fini la ville, bonjour la campagne. Et surtout, fini le bitume. Le Renegade profite d’une architecture aux porte-à-faux réduits qui l’avantage en off-road. Les angles d’attaques et de fuite permettent de passer des dévers sans y laisser des dents. Attention tout de même à ne pas lui gratter le ventre, moins haut que le Trailhawk et sans ses protections, le Renegade peut se montrer chatouilleux. Avec la boite courte, grimper ne lui fait pas peur. Pas plus que de descendre à l’aide du Hill Descend Control. Les seules limites seront les quatre chaussons en caoutchouc. Pour un petit 4×4 urbain, il a le champ libre de concurrents là-bas tout en haut de sa piste rocailleuse.
Alors, pourquoi un toit démontable ? Parce qu’en 1941 la Jeep Willys en robe kaki s’illustrait par ses capacités en tout terrain, sans s’encombrer d’éléments de confort, de toit ou même de portes. De ce fait le plaisir distillé au volant prend une autre dimension. Un plaisir plus proche des éléments, plus « jouet » mais pas tellement pratique. Toute proportion gardée (le Renegade n’est pas un Wrangler) c’est ce plaisir que l’on retrouve au volant du Renegade 75 Anniversary lorsque le toit est démonté.
Et si …
… grand-mère Willys approuvait ? Look tapageur et évocateur, véritables aptitudes en off-road. Le tout en permettant une utilisation au quotidien sans compromis. Ce n’est pas le vilain petit canard de la famille Jeep, mais bien un digne hériter du patronyme.