Quand la direction de Fiat a décidé de réintégrer ce segment cher à la marque, plusieurs questions ont été soulevées. Premièrement, sous quel nom. C’est là que l’idée vintage, qui cartonne pour la 500, a été retenue. La 124 Spider, c’est la petite sportive italienne emblématique des sixties. Légère, agile et dotée une ligne épurée, la recette est simple à mettre à jour.
Ensuite, sur quoi allaient-ils se baser ? C’est après une étude de marché rapide que la conclusion a semblé évidente : les spécialistes des roadsters, depuis 20 ans, c’est Mazda, avec la Miata. Quelques réunions plus tard, l’accord était signé. Fiat peut disposer de la base de châssis, de la boîte de vitesses, mais également de la ligne de production basée à Hiroshima. Le reste sera d’origine italienne.
Et dès le premier coup d’œil, la recette prend bien. Plus longue de 14 cm que sa cousine japonaise, la 124 se fait gonfler des porte-à-faux séduisants, créant une ligne plus fine et bien italienne. Les feux avants rappellent sans équivoque l’aïeule, tandis que la poupe est résolument plus moderne, en optant pour des traits plus masculins. En se glissant à l’intérieur, on distingue directement la provenance de chez Mazda, les seuls changements visibles se limitant aux matériaux et à la décoration des compteurs. Pas que cela nous déçoive particulièrement, l’habitacle de la MX-5 étant idéal, mais on aurait pu s’attendre à autre chose. Idem pour la clé. Dernière note sur l’habitacle, doté d’une position de conduite idéale, celle-ci ne s’adressera pas aux trop grands gabarits. Au-delà du mètre nonante, les sièges semblent un peu étriqués et les longs trajets s’accompagneront d’une légère douleur dans le bas du dos.
Après avoir reluqué tous les détails de la belle, il est temps de prendre la route. Au réveil, le 4 cylindres MultiAir déjà essayé dans la cousine 500X ne surprend pas, mais dans le bon sens. Discret, souple et disposant d’un vrai caractère, le 1,4l associé à la boîte de vitesses Mazda est un régal. Les relances sont bonnes, et le moteur dispose d’une plage d’utilisation assez large. Seul bémol, l’étagement de la boîte paraît trop long, surtout sur le deuxième rapport. En sortie de virage serré, il nous a fallu à plusieurs reprises repasser la première. Étonnant.
Mais ce qui sépare véritablement la Fiat de la Miata, c’est la philosophie. Si la Mazda se veut sportive et rigoureuse, la 124 Spider cherche à attirer les routiers. Le sport, elle le laisse à sa demi-sœur Abarth. Avec son coffre (un peu) plus grand, ses suspensions adoucies et un bloc moins pointu, la volonté est ici de proposer un voiture pour enchaîner les kilomètres, et on peut dire que sur ce plan, elle remplit entièrement les attentes. La direction renvoie un tas d’informations, tout en restant légère, et ce sentiment de dynamisme est présent partout. La suspension provoque un léger roulis, mais pas du tout de plongée ou de cambrage, ce qui génère une adhérence excellente, et accentue les sensations. Le filtrage est d’ailleurs excellent, faisant oublier les impuretés de la route. Après avoir baissé la capote manuellement, on ne recherchera pas la vitesse pure au volant de la 124, mais les sensations ne manquent pas pour autant. En glissant de courbe en courbe, ce n’est pas le rugissement du moteur qui vous fera trembler, ou la vitesse qui vous fera frémir. Non, le plaisir est ici bio. Cheveux au vent, bien installé, il s’agit de la meilleure des manières de (re)découvrir des routes et petits coins de nos régions, et même plus loin. Alors, où comptez-vous aller ?
Et si…
…Fiat avait réussi un coup de maître avec la 124 Spider ? Pas extravagante, mais équilibrée et tellement amusante, celle-ci se distingue suffisamment de la Miata pour attirer un public différent.