Rendez-vous à Mirafiori, l’immense usine du groupe Fiat au sud-ouest de Turin. Aller chercher deux voitures italiennes chez des italiens, ajoute toujours un peu de piment au voyage. Déjà, notre interlocuteur qui part en courant devant notre anglais, pour revenir avec un collègue qui maîtrise la langue de Shakespeare (oui pardon, peut être que le Français aurait été plus simple). Ensuite, une des deux Fiat Tipo sonne dès le départ : pression de pneus incorrecte. Toujours dans la même voiture, le plafonnier de la banquette arrière pend au bout de son fil. Il faut sortir de l’enceinte du site pour prendre une photo souvenir. Nos GSM sont soigneusement recouverts d’autocollants obstruant les caméras. Et hors de question de sortir nos appareils photo de nos sacs. Dommage, on aurait bien voulu vous partager une photo de la Lancia Ypsilon recouverte de moquette sur laquelle sont collées des perles. Magique ! Sinon, pas grand-chose de réellement intéressant. Un mulet de Maserati Levante encore camouflé (mais on l’a déjà vu tout nu), et une Alfa Roméo Giulia ayant abattu des kilomètres. Sans doute une version à transmission intégrale Q4.
Direction Dijon, mais pas sans détours. D’abord l’autoroute pour s’éloigner de Turin. Ensuite, des nationales bucoliques et un petit bout d’autoroute jusqu’Aoste. Il est temps d’en découdre avec le Col du Grand-Saint-Bernard, après le Petit Saint Bernard en Alfa Roméo 4C Spider en septembre dernier. Dans la Tipo 1,4l essence on sent quand ça commence à monter fort. À tel point que de temps en temps on se demande où sont passés les 120ch. Avantage au diesel pour son couple généreux, et disponible à plus bas régime.
À la frontière avec la Suisse, les douaniers italiens nous contrôlent, mais on les entend parler entre eux de ces deux nouvelles Fiat qui les intéressent plus que nos papiers. Rien à déclarer, les grands coffres sont vides. On aurait dû y loger des denrées italiennes en quantité ! Dans la descente on prend son temps pour ne pas griller les freins. Ce n’est pas la 4C, et on a encore des kilomètres à faire. Mais malgré une course longue de la pédale, ça freine convenablement. Ici le manque de couple n’a plus d’importance, et c’est la légèreté du bloc essence qui fait plaisir.
Descente en Suisse, remontée vers Chamonix par le Col de la Forclaz. Quelques embouteillages vers Chamonix. La climatisation fonctionne à plein régime sous un soleil de plomb. On y va plus relax, et les Fiat Tipo se laissent réellement apprécier. Elles sont confortables, mais pas pataudes. La boite est bien guidée, mais il ne faut pas la brusquer.
De Chamonix on descend à nouveau vers la Suisse. Genève cette fois, avec un passage en ville à l’heure de pointe. Les deux Tipo sont équipées du mode City, comme dans une Fiat 500. Celui-ci allège la direction. La version diesel est plus facile à vivre. Grâce à son couple plus généreux on passe moins de temps à changer de rapports, et à faire monter le moteur dans les tours. Heureusement, car il n’a rien de silencieux. Avantage essence à ce niveau. On a légèreté et silence de fonctionnement d’un côté, puissance et souplesse de l’autre. Balle au centre.
Petit pause au bord du lac Léman, 32°C au thermomètre en ce début de soirée. Pas le temps de trainer, on a encore quelques heures de routes au programme. On prend de l’altitude en piquant vers le nord. Direction Gex, et le Col de la Faucille sur la D1005. Si vous ne connaissez pas ce nom, retenez-le ! Ce sont surement les plus beaux kilomètres de ce périple. Des virages lents, des rapides et des lignes droites pour profiter de la vue, soleil couchant et revêtement parfait en prime. Du pur bonheur, même avec des Fiat Tipo sans prétentions sportives. Pour cet exercice, la diesel donne de suite l’impression d’être plus puissante. Mais plus lourde aussi. Comme dit plus haut (2469m le Col du Grand-Saint-Bernard), rien ne sert de brusquer les Tipo. Mais avec une main de fer dans un gant de velours, elles bondissent de virages en virages, dessinant au passage une grande courbe sur nos visages : le sourire.
Fini la récréation, il est temps de filer tout droit vers Dijon par une autoroute déserte. L’occasion de confirmer la stabilité des deux Tipo, et leurs consommations respectives à 130km/h : 6,2l/100km pour le diesel, 7,3l/100km pour l’essence. La balle n’est plus au centre. Deux heures d’autoroute, après déjà 8h passées au volant, permettent de mieux évaluer le confort de la voiture. Les sièges, fatigants en montagne par leur manque de maintiens latéral, sont confortables. La position de conduite est bonne, et le grand volant offre une bonne prise en main. Les accoudoirs, en revanche, sont un peu trop éloignés. C’est que la Tipo a de l’espace à revendre ! Pas comme le parking de notre hôtel à Dijon.
Le lendemain est plus calme : quelques virages et paysages de choix avec la D996, avant de vite rejoindre l’autoroute. Il faut rallier Bruxelles rapidement. Nous voilà coincés sur l’autoroute pour au moins cinq heures consécutives. L’habitacle d’une Fiat Tipo est loin du cocon des grandes routières, comme la BMW 730d du mois d’avril. Plastiques en tous genres se succèdent au fur et à mesure que le regard parcourt l’habitacle. La présentation est tout de même respectable. Et on félicitera Fiat pour son nouvel écran du GPS et de l’ordinateur de bord 7’’, de série sur les versions Lounge. Déjà parce que l’objet en lui-même est bien plus flatteur que le petit écran 5’’ des versions d’entrée de gamme. Ensuite parce qu’il implique une partie haute du tableau de bord redessinée, moins haute justement. Fini l’impression d’être assis face à un mur, et c’est très bien. Au détour d’un péage, les gendarmes brisent la monotonie de notre trajet : « Bonjour monsieur, d’où venez-vous ? » Rapide explication, et tout rendre dans l’ordre. « Vous êtes avec l’autre voiture là, qui vient de passer ? Bonne route. » Rouler en convoi de deux voitures qui ne différent que de deux chiffres sur la plaque éveille visiblement des soupçons. Heureusement elle n’ont pas un look mafieux.
Ultime passage à la pompe à quelques kilomètres du but, mais uniquement pour la voiture à essence. Ça lui fera un total de deux réservoirs, et quelques litres de plus depuis Turin. De l’autre côté, la Tipo diesel n’a vidé qu’un réservoir et demi, pour le même trajet, dans les mêmes conditions, et au même rythme. Sans doute que la réponse à la question de départ se trouve ici.
Et si …
… les longs trajets ne sont pas votre quotidien, ni la montagne, le silence de fonctionnement et la légèreté de la Fiat Tipo 1,4l turbo de 120ch feront l’affaire. Sinon, le lourd et plus sonore 1,6l diesel s’imposera sans doute.
La fiche technique de la Tipo 1,6l Multijet 120ch est à retrouver ici.