Quoi ? Mais la 695 Biposto, sa boite à crabots et son tarif insolant dans tout ça ? Une recette bestiale ! Un peu trop brutale que pour convaincre, même les esprits les moins rationnels. La bête jaune qui nous occupe aujourd’hui reprend un ingrédient de la bête grise sous le pack Performance. Lequel ?
Sur la 695 Biposto, l’option boite à crabots s’accompagnait d’un autobloquant mécanique sur le train avant, gage d’efficacité en conduite sportive. Malheureusement, la boite à crabots en fait un jouet de l’extrême. En novembre de l’an passé, la 695 Biposto Record est présentée. Avec son tarif plus contenu, elle se sépare de la boite à crabots mais pas de son autobloquant, et se pare d’une teinte Giallo Modena. Oups, du coup ça fait deux ingrédients repris sur la nouvelle Abarth 595 Competizione. Le plus visible est la nouvelle peinture jaune, le plus important est l’autobloquant.
Voilà, c’est dit, la plus grosse nouveauté de cette Abarth 595 Competizione est l’autobloquant, pour lequel il faut tout de même débourser 2.500€. Pour le reste, les italiens se contentent de dépoussiérer et viriliser le dessin extérieur, d’agrandir les aérations du moteur et replacent l’intérieur dans le même espace-temps que la concurrence. Des touches de carbone sur le volant multifonction des Fiat 500, désormais à méplat et habillé de cuir et d’Alcantara. Alcantara qu’on retrouve sur la casquette du compteur. Des compteurs au design revu, et désormais uniquement sous forme d’un écran TFT. Un autre écran trône sur la planche de bord, comme dans la Fiat. Il n’a rien du dernier cri de l’innovation, mais il fait le boulot. Les baquets Sabelt sont bien évidemment toujours présents quand on parle de « Competizione ».
Ils ne sont pas les seuls à sentir bon le sport. Les jantes au look sportif cachent un freinage Brembo. Étriers quatre pistons à l’avant, pour bien envoyer les occupants dans le tableau de bord. En prenant soin d’enclencher les quatre clignotants à chaque freinage un peu appuyé. Ennuyant. Les roues arrière renferment des étriers flottants, mais amplement suffisants au vu de la masse de l’engin. Derrière elles, on peut apercevoir les amortisseurs signées Koni FSD. Les mêmes que sur l’ancienne Competizione 180ch, et la Biposto. Quel progrès par rapport aux premières Abarth ! Le pot de yaourt est scotché au sol, tout en préservant un soupçon de confort.
Le bloc 1,4l ne change pas, mais lui adressait-on des reproches ? Lui et son turbo sont suffisamment caractériels que pour justifier un borborygme pareil à l’échappement. Un échappement qui se réveille réellement lorsque le turbo se met à souffler pour attiser les braises du 1,4l. On aime, ou on n’aime pas. Mais ça a son charme. En parlant de charme, pensez à laisser le mode Sport activé, pour rajouter du piquant à la 595 Competizione. Il fait grimper le turbo à plus hautes pressions, offre une réponse plus directe à la pédale d’accélérateur, et durcit la direction. Impossible de le désactiver une fois qu’on a envoyé la cavalerie sur des petites routes.
Ça commence par une grosse pression sur l’accélérateur. Le temps que le turbo Garrett rassemble son souffle, on se croirait dans une Fiat 500. Et puis c’est parti ! 1,8bar au maximum. L’échappement se met à chanter une octave au dessus, le paysage défile de plus en plus vite. Non, elle n’amuse pas le terrain. Avec 180ch pour seulement 1030kg, le mélange est corsé. Le 0 à 100 km/h est abattu en 6,7s. Mais ce sont surtout les capacités dynamiques de l’Abarth 595 Competizione qui sont attendues au tournant, avec cet autobloquant.
Poids (presque) plume, empattement court, et liaisons au sol travaillées font bon ménage en termes de dynamisme. La Competizione se place sur les freins, pour que l’avant morde la corde, et que l’arrière enroule sagement. Mais là où ça devient intéressant, c’est à la remise des gaz. Fini le sous-virage, mais gare au nez qui pique vers l’intérieur quand l’autobloquant se verrouille. Ça travaille dans les bras, mais au final le plaisir de conduite est décuplé puisque la motricité est toujours au rendez-vous. Et comme la boite est plus facile à utiliser que dans la Biposto, on ne se prive pas d’essorer la petite bombe jaune. Comptez alors 10l/100km, ce qui ne donne pas beaucoup d’autonomie sur un réservoir de 35l.
En utilisation quotidienne, cette Abarth 595 Competizione saura se faire docile. En conduite économique, on enregistre 6,8l/100km. À condition donc que le conducteur arrive à se dompter, et ne pas mettre le pied dedans à chaque occasion. Mais sa suspension reste tarée « solide ». Si le dos est un problème chez vous, passez votre chemin. Heureusement, les baquets Sabelt, en plus de maintenir parfaitement le corps, offrent un moelleux agréable. Reste la position de conduite, très typée camion et pas du tout sportive. Il faut se concentrer pour ne pas écraser les freins lorsqu’on exécute un talon-pointe. Mais une voiture sans défauts est une voiture sans âme.
Alors cette Abarth, quand on l’aime, c’est aussi pour ces problèmes. Comme par exemple une boite à cinq rapports seulement. Des réglages du dossier du siège inaccessibles une fois la portière fermée, une position de conduite bien trop haute, et un volant pas assez proche. Son prix, similaire à une Renault Clio RS Trophy, est un des plus élevé du segment. Au regard du plaisir pris au volant c’est justifiable, moins quand il s’agit de poser un regard plus pragmatique sur le scorpion.
Et si …
… cette nouvelle 595 Competizione réussissait la recette parfait ? L’efficacité de la Biposto, mais la facilité d’utilisation et le tarif d’une Abarth normale. Quand ce scorpion pique, ça fait mal !
https://www.youtube.com/watch?v=NKJqm2YyZhI