- Soyons sérieux
Vous avez remporté le Mans en LMGTE-AM cette année avec la Scuderia Corsa après avoir terminé troisième en 2015. Racontez-nous comment vous avez construit votre “semaine du Mans”, du pesage à la victoire.
Bien entendu, cette année fut bien moins stressante que 2015, étant donné que nous avions l’expérience d’une édition et savions à quoi nous attendre. En tant que rookie, la semaine entière du Mans est remplie d’une foule d’expériences qui font un véritable défi de rester concentré et s’assurer d’être physiquement et mentalement près pour la course elle-même.
Cette année, sachant à quoi s’attendre lors du pesage, de la parade des pilotes et de tous les autres aspects uniques de l’événement “Le Mans”, ça a bien aidé à être moins anxieux et totalement concentré sur les éléments importants.”
En Europe et en FIA WEC, AF Corse est LA référence en ce qui concerne Ferrari en compétition GT, et aux USA, Risi Competizione a démontré sa légitimité au fil des années. Pensez-vous que Scuderia Corsa est d’ores et déjà au même niveau? Si non, que faut-il encore améliorer?
Je pense que les résultats parlent d’eux-même, et l’un d’entre eux doit placer Scuderia Corsa parmi les équipes du plus haut niveau où que ce soit dans le monde. En jetant un oeil aux dernières années, l’équipe a pris part à plusieurs compétitions IMSA importante et bien entendu, maintenant nous avons deux expériences pleines de succès au Mans à ajouter au C.V.
Pour moi, l’aspect le plus impressionnant est que Scuderia Corsa n’a été fondée qu’en 2012, du coup, le nombre de succès accumulés par l’équipe en une si courte période est réellement sans précédent.
Bien sûr, tout le crédit en revient aux propriétaire de l’équipe pour la vision et la gestion qui ont permis de constituer une formation aussi performante, mais également à Ferrari et au support apporté à leurs équipes avec le concours des concepteurs des Ferrari GT de course, Michelotto. Bien évidemment, avec davantage d’expérience, nous devenons encore plus forts, donc le futur s’annonce radieux pour cette équipe.
Nous vous avons vu avec la Ferrari 488GTE de Scuderia Corsa, mais est-ce votre seul programme en 2016. Quels sont vos objectifs pour le reste de la saison?
Cette année, mon programme de course a toujours été prévu avec Scuderia Corsa en catégorie IMSA GTD pour les quatre course d’endurance, plus le Mans en LMGTE-Am. Je n’étais pas particulièrement heureux d’avoir un nombre réduit de courses, car j’ai vu combien nos perspectives étaient belles dans chacune des course auxquelles je devrais prendre part.
Courir une saison complète est toujours idéal, mais j’étais malgré tout ravi de faire partie d’un engagement dans les plus prestigieuses courses d’endurance globalement, même si cela signifiait que mon calendrier ne serait pas très chargé. Jusqu’à présent, avoir remporté trois victoires majeures en quatre courses cette année a clairement dépassé jusqu’à nos propres attentes, donc je reste très humble et très heureux d’avoir une saison qui se passe aussi bien. Du calendrier initial, ne reste que Petit-Le-Mans, et de manière assez ironique, il s’agit de la seule course d’endurance majeure que je n’ai pas encore remportée dans ma carrière, donc clairement l’objectif sera de pousser pour une victoire dans cette épreuve également!
Peut-être qu’il y aura une opportunité pour des courses additionnelles entre maintenant et cette échéance-là, mais je reste concentré sur la qualité plutôt que la quantité de courses.
N’êtes-vous pas tenté de courir en FIA WEC après avoir affronté son plateau au Mans?
Bien entendu j’adorerais retourner en FIA WEC régulièrement, sachant que ce championnat représente le plus haut niveau de l’Endurance sur un plan global. Dans le passé, j’ai participé à quelques épreuves du FIA WEC et cela m’a bien sûr laissé avec une envie encore plus grande d’y retourner.
Avoir l’opportunité d’affronter les meilleurs voitures, équipes et pilotes du monde est le rêve de tout pilote, et c’est exactement ce que vous trouvez en FIA WEC.
Notre victoire au Mans nous apporte la conviction que nous pouvons courir aux avant-postes de cette catégorie, ce qui représente un sentiment très agréable pour l’équipe entière. Je ne suis pas certain de ce que l’avenir immédiat nous réserve en termes de participation aux épreuves restantes du WEC, mais j’espère y courir davantage et plus régulièrement les saisons prochaines!
Pensez-vous que le niveau du GTLM en WeatherTech SportsCar Championship soit plus élevé que celui du LMGTE-Pro en FIA WEC?
En réalité, je pense que les deux championnats ont un niveau équivalent en GTLM/LMGTE-Pro, et que les deux catégories offrent des courses incroyables! Bien entendu, les “styles” de courses sont différent, avec en IMSA des courses généralement plus “porte-contre-porte” et le WEC des arrivées avec des concurrents plus éloignés les uns des autres, mais le niveau est aussi élevé dans les deux séries. L’une comme l’autre font d’état d’une implication de très haut niveau des constructeurs, donc dans les deux cas, les enjeux sont plutôt importants et cela démontre l’intensité de la compétition!
- Soyons moins sérieux
Quelle est votre course favorite parmi toutes celles dans lesquelles vous avez piloté jusqu’à présent? Pourquoi?
Sans aucun doute, les 24 Heures du Mans. Dès la première année où je suis venu au Mans, j’y ai senti une énergie et une atmosphère comme aucune autre. Être en mesure d’y figurer au sommet du podium est une expérience que je ne pense pas pouvoir surpasser ailleurs…
Maintenant que vous avez gagné le Mans en LMGTE-Am, quel pourrait être votre prochain objectif dans cette course mythique?
Je pense que l’objectif est simple – maintenant je veux la gagner à nouveau! Que ce soit en catégorie LMGTE-Am ou dans une autre classe, mon objectif est de retourner au Mans dans le cadre d’un projet solide, et avec un peu de chance d’avoir la bonne fortune d’en repartir avec une autre victoire.
Quel est votre secret avec Bill Sweedler et Townsend Bell pour être si forts au Mans?
Nous travaillons très bien ensemble tous les trois sur et à côté de la piste. Nous avons trois personnalités vraiment très différentes, mais chacune apporte quelque chose d’important au mélange. Au final, nous avons simplement la bonne combinaison de telle sorte que nous sommes tous les trois sur la même longueur d’onde, et toujours animés d’un même objectif. Selon mon expérience personnelle, c’est très rare d’être en mesure d’obtenir une atmosphère aussi relax, qui plus est avec autant de confiance et de respect mutuel. Le secret est que nous prenons plaisir à travailler ensemble, et les résultats semblent venir naturellement, sans le moindre stress.
Si vous pouviez choisir le championnat, l’équipe et l’année, dans lesquels voudriez-vous courir?
Si je pouvais choisir ce que je veux, ce serait probablement le championnat d’endurance 1970-1971. Être en mesure de revivre les courses qui opposaient les Ferrari 512, Porsche 917, et tant d’autres voitures iconiques serait l’expérience ultime..
Vous avez décroché un diplôme en Administration des Affaires. Pensez-vous que vous auriez été en mesure de devenir pilote officiel si vous n’aviez pas suivi ces études?
Bien entendu, ce serait aisé de regarder en arrière et de se demander “et si?” à ce propos et au sujet de nombreuses autres décisions du passé, mais au final il serait délicat de dire que j’ai des regrets à propos de la manière dont les choses se sont déroulées pour moi jusqu’à présent en compétition. J’ai appris tellement durant mes études qui m’aident à devenir un meilleur pilote, plus équilibré, tout en me permettant de poursuivre d’autres voies intéressantes en dehors des circuits. Même si l’Administration des Affaires ne semble pas nécessairement avoir énormément en commun avec la course professionnelle, la réalité est que les choses apprises en management, marketing et dans les bureaux offrent tellement de leçons utiles quant à la manière d’aborder les défis au quotidien que l’on affronte dans la vie comme en compétition.
Pour moi, l’envie d’être un pilote d’usine relève principalement de l’opportunité de côtoyer des équipes et voitures de top-qualité de manière récurrente, mais je ne peux vraiment pas me plaindre au vu des opportunités que j’ai eues jusqu’à présent donc je n’ai pas le sentiment de perdre tant que ça!
- Soyons tous sauf sérieux
J’ai appris que vous parliez très bien le français. Quel est votre mot favori dans la langue de Voltaire et celui qui est le plus difficile à prononcer?
Voilà qui sonne comme une question dangereuse… Bien entendu, j’ai pris le plus de plaisir à apprendre et répéter les “mauvais” mots qui n’étaient jamais dits en classe!!
En parallèle de ça, le mot que je préfère prononcer est probablement celui que j’ai appris quand j’ai vu l’une de mes voitures préférées de tous les temps, une Ferrari F355 GTS, à vendre chez un concessionnaire Ferrai à Québec, et que j’ai lu le descriptif du toi qui était “escamotable”. Pour une raison que j’ignore, je prends toujours plaisir à dire se mot!
Pour ce qui est de la difficulté de prononciation, conjuguer n’importe quel verbe qui finit en -IR est mon véritable cauchemar!
Qu’est-ce qui est le plus facile, monter un vrai cheval ou l’un des fameux chevaux cabrés de Maranello?
Je monte un peu à cheval en fait, et j’ai clairement plus de succès et de facilité au volant d’un cheval cabré italien!
Si vous deviez garder un seul souvenir, en tant que pilote, lequel serait-ce?
Je m’impose toujours de prendre du recul, et j’essaie de vraiment profiter des expériences que je vis. En course, ce peut être tellement facile de se focaliser sur les résultats, et de devenir trop sérieux, ou frustré, et perdre de vue le principal.
Piloter une Ferrari dans Mulsanne au soleil levant au Mans est une expérience incroyable, et je suis heureux d’avoir pu vivre cela au moment où ça arrivait!