Sébastien, après la présentation de la JSP217 à Spa en prélude de la course ELMS, où en est le développement de votre nouvelle LMP2?
Tout se passe plutôt bien par rapport au plan de roulage. Nous avons fait rouler la voiture à Chateauroux et elle tournera encore au Mans. Lundi prochain, nous serons à Monza pour poursuivre le travail sur la voiture, mais jusqu’à présent tout se passe bien. On peut dire que 80 à 90% de la voiture est validé, mais ce sont les 10% restants qui demandent beaucoup de travail. Mais que ce soit pour la fiabilité ou le développement, le roulage est bénéfique.
Qu’en est-il de l’homologation de la voiture?
Pour l’instant, rien n’est encore homologué. La coque a passé et réussi les crash-tests, mais l’homologation finale se fait début décembre. Dans l’état actuel des choses, l’ACO et la FIA ponctionnent régulièrement les infos au sujet de la “peau extérieure” de la voiture, de l’emplacement des différents éléments, mais l’homologation en elle-même n’aura lieu qu’en fin d’année.
Quels furent les grands axes de travail par rapport à la JSP2?
Déjà il a fallu réfléchir aux points que nous voulions améliorer sur la JSP2 au bénéfice des enseignements engrangés durant les 2,5-3 ans de compétition accumulés par nos JSP2 dans les différentes compétitions. Ensuite, nous avons tenté de tirer le meilleur parti des nouveautés de la règlementation qui entrera en vigueur en 2017.
Cela dit, il est vrai que nous avons tenu à travailler de manière encore plus poussée sur le refroidissement de la voiture. Le fait d’avoir un moteur commun et unique permet d’optimiser ce domaine et nous avons cherché à déterminer une configuration des systèmes de refroidissement qui couvre toutes les conditions climatiques dans lesquelles la voiture pourrait rouler : circuits à forte charge moteur, hautes chaleurs, altitude comme à Mexico, etc. L’objectif étant de disposer d’une plage de fonctionnement la plus large possible pour avoir un moteur qui tourne toujours au pic de ses performances, quoi qu’il arrive.
Vous avez déjà un accord pour le DPi avec ESM et Nissan. Avez-vous apporté de grosses modifications pour cette version spécifique de la voiture ou de toute façon le tronc commun reste-t-il très large?
Le règlement DPi est assez clair, la base roulante de la P2 homologuée est conservée, cinématique de suspension, coque, boite de vitesses, ainsi qu’une grosse partie de la carrosserie qui doit être maintenue au niveau de la forme. L’adaptation concerne surtout l’implantation de la mécanique (moteur turbo avec Nissan) qui implique un positionnement différent des échangeurs de refroidissement etc. Du coup l’architecture des pontons est modifiée, ce qui suppose de revoir l’aéro, pour s’assurer que le remplissage des radiateurs se fait correctement, la boite à air, et tout ce qui s’en suit. L’objectif étant de conserver la performance aéro sans augmenter la trainée. Au final, 40% de la voiture doit être retravaillé.
Des discussions avec d’autres partenaires sont-elles déjà en cours pour le DPi ou Nissan est la seule piste concrète?
Pour l’instant, Nissan est le seul à avoir confirmé son programme pour 2017. Mais Onroak Automotive a d’ores et déjà d’autres discussions en cours pour des projets qui verraient davantage le jour en 2018. Tout reste ouvert à ce jour.
On arrive au terme de la saison 2016. Es-tu satisfait du travail accompli et de la structure mise en place pour le support client?
Il est clair que le support client a pris une nouvelle envergure dès le début de l’année avec la mise à disposition de nos clients de 2 camions en support pour le P3 et P2 en ELMS, en GT Tour et en VdeV pour celui dédié au P3 et au CN. Ce fut déjà un gros effort pour disposer à la fois du personnel et du stock de pièces imposés par une telle logistique. Maintenant, l’objectif est d’améliorer encore notre service avec davantage de gens impliqués.
S’ajoute l’éventualité d’avoir la JSP2 qui continue à rouler dans certaines compétitions en plus de la JSP217 qui arrive en 2017. En outre, nous accordons une grosse importance à l’ouverture d’une nouvelle base pour Onroak Automotive aux USA, qui devrait être officialisée dans les semaines à venir, pour proposer quelque chose de similaire à ce que nous offrons en ELMS. Dans le même ordre d’idées, en fonction des partenariats conclus pour le WEC, nous mettrons en place une structure adaptée pour le championnat du monde.
Quel bilan tirer de la première année d’exploitation de la JSP3?
En l’état, nous avons déjà livré 55 voitures et nous avons des contacts qui sont en cours de concrétisation pour l’Asie et surtout nous avons eu l’annonce officielle de l’IMSA pour utiliser les LMP3 en IMSA Lite. C’est donc un nouveau marché qui s’ouvre pour la JSP3, qui a été la première P3 à remporter une course dans un championnat en Floride en aout. La clientèle s’élargit avec les Gentlemen, les clients qui achètent la voiture pour des track days et nous avons récemment aménagé une voiture pour y placer un deuxième baquet, ce qui permet d’emmener des invités pour quelques tours de piste. C’est une autre cible que nous pouvons viser.
Enfin, que peux-tu nous dire sur la nouvelle collaboration avec l’ex-ennemi WRT, du temps de Marc VDS Racing Team?
Je ne te surprendrai pas en te disant que WRT est une équipe ultra-professionnelle, qui a de grandes capacités d’organisation, d’apprentissage et de travail. Du coup, je n’ai pas été surpris de leur niveau de performances à Spa pour leur première en ELMS. Je connaissais les qualités et le niveau de l’équipe pour l’avoir affrontée en GT3, et c’est certain qu’ils étaient parmi nos principaux rivaux.
Mais le contexte est totalement différent maintenant et nous avons prouvé, avec le crash et la réparation-reconstruction de la voiture ainsi que le podium, que nous pouvions travailler ensemble et que tant WRT que Onroak Automotive et Oak Racing évoluaient à un très haut niveau et pouvaient oeuvre ensemble. C’était une belle aventure et ce serait chouette si dans quelques semaines on apprenait que WRT s’engagera avec une Ligier en 2017.
Suite à cette interview réalisée avant Petit Le Mans, les Ligier JSP2-HPD du Michael Shank Racing et de Tequila Patron Extreme Speed Motorsport ont réalisé le doublé lors de cette grande finale du WeatherTech SportsCar Championship et de la Tequila Patron North American Endurance Cup, portant le bilan de la LMP2 issue des ateliers Onroak à 3 victoires sur 4 courses de longue haleine outre Atlantique, Petit Le Mans venant s’ajouter à Daytona et Sebring.
En outre, annonce a été faite d’un accord avec PR1/Mathiasen Motorsport pour engager une Ligier JSP217 l’an prochain en WeatherTech.