Affable, compréhensif envers l’accent anglais scabreux de votre serviteur, l’homme est avant tout un passionné qui exerce ses talents de pilote en Am Cup au volant d’une Bentley Continental GT3 du Parker Racing.
Chris, que ressentez-vous en pilotant une Bentley de course?
C’est une expérience vraiment très différente de ce à quoi je suis habitué, mais c’est avant tout énormément de plaisir. Il s’agit d’une voiture très encombrante, mais les ingénieurs ont réussi à la débarrasser d’une quantité énorme de poids, le moteur est vraiment très puissant et la Continental GT3 dispose de beaucoup d’appui aérodynamique à haute vitesse. Elle est plus délicate à piloter dans les virages lents, quand il faut passer la deuxième par exemple. Mais ce que nous perdons en motricité, nous le récupérons en aéro.
J’adore la marque, c’est une voiture magnifique et les Blancpain GT Series réunissent une multitude de superbes marques et voitures, et elles ne peuvent pas toutes ressembler aux Ferrari et Lamborghini. La Bentley sort vraiment du lot.
En comparaison à l’Aston Martin que vous avez déjà pilotée auparavant, que pensez-vous de la Bentley?
C’est une voiture tellement différente, beaucoup plus brutale avec le moteur turbo. Même avec le restricteur, il y a vraiment beaucoup de puissance et des tonnes de couple. En sus, l’Aston Martin avait beaucoup moins d’appuis. Pour forcer un peu le trait, je dirais que la V12 Vantage GT3 s’apparente davantage à une GT4, alors que la Continental est une vraie GT3 (l’Aston étant d’une conception plus ancienne, ndlr).
Piloter au Nürburgring, ça doit être particulier non?
Pour être franc, mon problème ici, c’est qu’une fois arrivé à la chicane, j’ai juste envie de m’engager à gauche sur la Nordschleife et c’est vraiment très frustrant à chaque fois de devoir continuer tout droit. Je n’ai rien contre le circuit F1, mais ça n’a clairement rien à voir!
Comme chacun le sait, vous avez déjà eu le privilège de prendre le volant des voitures de série les plus puissantes. Existe-t-il l’une d’entre elles qui vous procure des sensations aussi fortes que la Bentley GT3?
Il y a beaucoup de voiture de route qui accélèrent plus fort et vont plus vite qu’une GT3, mais les performances au freinage ou dans les virages rapides des GT3 sont d’un autre monde. Que ce soit au Paul Ricard ou à Spa, par exemple, la Continental GT3 peut encaisser jusqu’à 2G, c’est déjà énorme pour une GT. Aucune voiture de série ne peut en faire autant et je ne parle pas de la puissance des freinages. C’est tout simplement ahurissant, surtout pour une aussi grosse voiture que la Bentley. Vous savez, une LaFerrari ou une 918 Spyder freinent vraiment très très fort, mais elles ont besoin du double de distance pour ralentir autant que la GT3. Mais par contre, en ligne droite, une 918 laisserait n’importe quelle concurrente du peloton sur place.
Qu’est-ce qui est le plus difficile à maîtriser? L’appui aéro ou les pneus slicks?
Je pense que trouver le bon équilibre entre grip aéro et mécanique est toujours compliqué. Le point de jonction entre les deux est délicat à cerner. Mais au final, ma plus grande difficulté relève du fait que ces GT3 modernes sont conçues pour freiner du pied gauche, être brutalisées au freinage. Mais je suis de la vieille école, je freine toujours du pied droit. Ce qui constitue toujours un désavantage car ça influe sur le contrôle de la voiture car il y a toujours le risque de toucher les deux pédales en même temps et on ne peut justement pas jouer avec les deux au même moment facilement. Peut-être devrais-je m’entraîner à freiner du pied gauche cet hiver.
Pourtant, je le fais avec ma voiture de rallye, mais pour une raison que j’ignore, je n’arrive pas à m’y résoudre sur circuit.
Est-il prévu de repartir pour une saison en Blancpain en 2017?
J’adorerais oui. Maintenant, sera-ce avec la Bentley, je n’en sais encore rien. Nous verrons bien ce qui se passe.
Pour conclure, qu’est qui est le plus fun? Piloter une GT3 en Blancpain GT Series ou des voitures fantastiques pour Top Gear?
Les deux se valent! Il s’agit de deux choses très différentes en fait. En Blancpain, il est question de discipline, de précision, de compétiteurs. J’adore ça, le fait de devoir réfléchir, analyser, trouver des solutions pour s’améliorer, améliorer l’équilibre de la voiture, voir les ingénieurs et les mécaniciens travailler. Mais également comment gérer la course, savoir où freiner, où essayer de dépasser, j’adore tout ce qui touche à la stratégie de course.
Mais au fond de mon coeur, si vous me donnez une voiture rapide, quelques sets de pneus et un circuit intéressant, je serai dans mon élément. J’adore faire glisser les voitures…
Impliqué autant que disponible, Chris Harris a disputé ses premières Total 24 Heures de Spa cet été. Découvrez cette expérience en images!
Précisons que ce n’est pas Chris Harris qui était au volant de la Bentley lors de son crash aux Combes illustré sur les photos!