Bonjour Vincent. Quel bilan tires-tu sur la saison 2016 qui marquait une forte expansion des activités de WRT, avec le TCR, l’Andros en plus grand, l’absorption d’AMP et un engagement sans précédent en Blancpain GT Series ?
Bonjour Frédéric. Sportivement, on peut être très satisfait : champion TCR International avec Stefano Comini et 3ème avec Jean-Karl Vernay, sur le podium des TOTAL 24H de Spa, champion dans l’une des deux séries Blancpain avec Enzo Ide, champion Team en Andros et en TCR Bénélux, vainqueur de la FIA-GT World Cup à Macau pour une dernière avec Laurens Vanthoor, vainqueur pour une première aux 24H de Dubaï en janvier 2016 et la découverte du LMP2 à Spa avec un certain succès… Il y a toujours moyen de faire mieux mais franchement, vu l’effort consenti et la grosse marge entre 2015 et 2016, j’aurais signé des deux mains avant le début de la saison pour un tel résultat !
Quant à AMP, nous avons doublé le personnel et les perspectives sont très prometteuses également !
Comment évolue la présence de ton équipe en Andros ? La voiture est-elle conçue de A à Z par WRT Group?
Avec l’Andros, nous avons vraiment créé une petite cellule en interne de gars qui voulaient vraiment y aller. WRT fait déjà tellement pendant l’année et un jour tu as un de tes salariés qui entre dans ton bureau pour te dire qu’avec quelques autres ils aimeraient faire quelques courses en plus pendant l’hiver… C’est comme cela que tout a commencé et je dois féliciter notre staff pour cela. Par contre, les voitures existaient déjà mais dans une version beaucoup moins « propre » qu’aujourd’hui. Le châssis a été revu de fond en comble par AMP, la carrosserie est neuve bien sûr, l’électronique a été modernisée, les suspensions améliorées, etc. Il n’y a, à mon avis, pas une pièce qui, aujourd’hui, n’a pas été revue.
La fin 2016 a été marquée par les effets du Dieselgate qui a frappé Audi de plein fouet en LMP1 et vu le Dr. Ulrich prendre sa retraite. Ces changements de politique sportive et de personnes à la tête des programmes compétition des quatre anneaux ont-ils eu une influence sur ta préparation de la saison 2017 ? Si oui, dans quelle mesure ?
Le programme GT a été très peu impacté. Tout au plus cela a ralenti certaines discussions. Par contre, je pense qu’on verra encore le Dr Ullrich pendant plusieurs années. Bien sûr, plus avec le rôle qui était le sien mais je n’imagine pas le voir revenir comme ambassadeur de la marque.
En 2017, le pilote fétiche de WRT en endurance ne sera plus de la partie. Que ressens-tu en voyant Laurens Vanthoor devenir pilote officiel Porsche. De la fierté ? (Sachant que tu as fortement contribué à sauver sa carrière) De la nostalgie ?
Pas de nostalgie en tout cas. Je suis fier d’avoir accompli ce que nous avons accompli ensemble. Et fier aussi de le voir évoluer de la manière dont il le fait. Évidemment, nous perdons un super pilote mais la relève Vanthoor semble assurée.
Verra-t-on encore autant de R8 LMS sous la bannière WRT ? Quel sera le programme de ton équipe pour la saison à venir ?
Nous travaillons toujours dessus. Mais oui, l’idée n’est certainement pas de diminuer le nombre de voitures engagées sous la bannière « maison ». Honnêtement, c’est la seule solution que nous avons trouvée à ce jour pour pouvoir travailler quasi comme un constructeur. Cela rend les choses plus difficiles – le mieux serait évidemment de faire rouler 2 voitures avec un staff travaillant à temps plein – mais c’est le prix de la qualité de nos services.
Mais oui, l’idée n’est certainement pas de diminuer le nombre de voitures engagées sous la bannière « maison ».
Conséquence indirecte de la réaffectation des pilotes Audi dans la « famille » (Porsche, Bentley), Wolfgang Reip se retrouve sans volant, remplacé par Oliver Jarvis. Le profil de notre compatriote t’intéresse-t-il ? Après les départs de Stéphane Ortelli et Laurens Vanthoor, qui fera office de « capitaine » au sein de tes équipages ?
D’abord, c’est un compatriote. Et donc pour cette raison-là, en sachant que c’est un « vite talentueux », je ne peux que le considérer dans les pilotes potentiels. Nous avons d’ailleurs été en contact l’hiver dernier. Mais cela dépend aussi de nos clients, de nos partenaires, etc. Au vu de mes discussions actuelles en vue de 2017, je dois avouer que malheureusement je n’ai pas vraiment d’option pour Wolfgang cette année.
Quant au « capitaine », il n’y en a pas vraiment ni jamais eu. Bien sûr, chacun a une place particulière et les collaborations plus longues amènent une relation qui est parfois plus facile au jour le jour. Chacun connait sa manière de travailler, cela facilite parfois la vie.
WRT a tout gagné en Europe et remporté de grandes épreuves internationales à Sepang, Macao, etc. Tu n’as jamais été tenté de courir dans de grands noms de l’endurance comme Bathurst, Daytona ou Sebring ?
Bien sûr que oui mais je dirais : chaque chose en son temps. Il est important également pour l’image de WRT de ne s’engager dans une course que si nous avons des chances de victoire. Si nous multiplions les engagements « pour faire le nombre », j’aurais peur que cela nuise à l’effort d’ensemble. Donc le jour où la bonne opportunité se présentera, nul doute que WRT la saisira !
Après le coup d’essai très réussi en LMP2 aux 4H de Spa en ELMS la saison passée, pourrait-on revoir un prototype engagé par WRT cette année dans une compétition européenne ou mondiale ?
Ce n’est pas exclu. Mais avec la même remarque que la question précédente. Cela complique donc souvent les choses… pour les rendre plus séduisantes une fois l’engagement finalisé. En tout cas, le programme de base de WRT restera le GT et le TCR. Le reste sera du bonus et si on le fait, ce sera pour le faire comme WRT le fait habituellement.
Quel nouveau défi aimerais-tu relever aujourd’hui ?
Il n’est pas nouveau mais je peux promettre que chaque jour est une nouvelle bataille : continuer à pouvoir évoluer de la même manière.