Bonjour Ben. Avant toute chose, comment vous sentez-vous après ce weekend à double tâche? Comment avez-vous géré cela sur les plans du physique et du pilotage?
Pour diverses raisons,Daytona ne m’a jamais vraiment semblé être une course exigeante sur le plan physique. C’est une épreuve de longue haleine, mais avec les longues portions passées sur le banking, je pense que les pilotes disposent d’assez de temps pour respirer un peu et pouvoir assumer un triple relais sans soucis. Comme j’étais engagé dans deux deux voitures différentes, notre stratégie était que j’effectue mes 5 heures au volant de la Mercedes-AMG aussi tôt que possible. De ce fait, j’ai assumé 5 des 10 premières heures de course à son volant. Cela s’est avéré une excellente stratégie avec la pluie qui a duré toute la nuit. Je pense également que l’adrénaline a joué un rôle important. C’était la première épreuve de la saison et chacun avait faim de courir. Ce qui rend les efforts plus faciles à faire.
N’était-ce pas trop compliqué de passer d’une voiture à une autre?
J’aime changer de voiture. J’aime apprendre les techniques de pilotage de bolides différents. Cependant, je dirais que passer de l’une à l’autre tenait plus du défi que de l’habitude. C’est pourquoi j’ai décidé d’effectuer l’ensemble de mes heures de roulage dans l’AMG d’abord avant de prendre le volant de la PC. Ainsi, en quelques tours je me suis senti à l’aise à nouveau. Le plus gros défi de cette année avait trait aux conditions climatiques pluvieuses et aux températures très froides. L’IMSA n’autorise pas les couvertures chauffantes en Prototype Challenge. Du coup, je ne pense pas que les pneus des PC aient jamais pu arriver à température. Cela les a rendu très difficiles à piloter. Après une heure en piste, j’avais tellement froid que je ne pouvais même plus sentir mes doigts.
Cette édition a été rendue délicate avec une nuit noyée sous la pluie et rythmée par les neutralisations. N’était-ce pas trop stressant et frustrant en tant que pilote?
Tout dépend de la voiture…
Avec la Mercedes-AMG GT3 en GTD, nous espérions la pluie. Nous savions que nous n’avions pas la vitesse de pointe nécessaire, du coup nous avons pensé que la pluie pourrait être une bonne chose. Et cela s’est confirmé. Je pense que s’il avait continué à pleuvoir dimanche, alors nous aurions eu une bonne chance de l’emporter. Sur le tracé de Daytona, tout dépend de la vitesse de pointe, et nous n’en avions pas suffisamment.
Concernant la PC, ce fut l’une de mes pires expériences de pilotage. Piste mouillée, 7° et cockpit ouvert. Aucun grip. Toutes les autres catégories – y compris le GTD – étaient plus rapides que nous. J’avais l’impression d’être une chicane mobile. Je me sentais extrêment lent et ce fut particulièrement stressant. Je fais ce genre de courses pour le fun ,et là il n’y avait aucun plaisir.
Vous avez roulé avec une PC qui entame sa dernière saison en 2017. Pourquoi ce choix? Est-ce pour vous préparer à de nouvelles aventures en LMP2? Ou y a-t-il une autre raison?
J’ai testé l’Oreca FLM09 en début de saison 2016 pour me préparer à ma participation au Mans (avec une LMP2, ndlr). J’ai adoré la piloter et j’ai pensé que ça correspondait bien à mon style de pilotage. Bien entendu, oui, toute expérience sera bienvenue pour ma participation en LMP2 au Mans. Cela ne fait pas de tort, mais la principale raison était que je pensais que rouler en PC était la meilleure manière de gagner aux Rolex 24 Heures de Daytona. Il y a tellement de choses qui peuvent vous arriver dans une course de 24 heures que je vois chaque voiture comme une chance supplémentaire. Avec seulement 5 voitures inscrites pour la course, la catégorie PC semblait la plus facile à gagner.
Avec de nouveaux concurrents et de nouvelles voitures en GTD, que pensez-vous du plateau 2017 dans cette catégorie?
Aucun doute, le peloton GTD est devenu plus relevé d’année en année. Du moins depuis que l’IMSA a aligné son règlement GTD sur le GT3. Il y a tellement de constructeurs qui conçoivent une GT3 maintenant et c’est devenu extrêmement compétitif. La plateau en GT Daytona est intéressant, parce que cela reste une catégorie Pro-Am, mais il y a quelques nouvelles équipes dans la classe qui présentent des équipages 100% pros dans l’absolu. Selon moi, le plus haut niveau de compétition en GT en Amérique du Nord se trouve en GTD. Bien entendu, je peux ne pas être objectif.
Vous avez décroché un podium et n’étiez pas loin de la victoire. Qu’est-ce qui vous a manqué pour monter sur la plus haute marche?
Je répondrais en eux points. Qu’est-ce qui manquait? La pluie! Si cette pluie avait été présente cinq heures de plus, alors je pense que nous aurions gagné. Qui peut vraiment savoir? Mais nous étions bons sous la pluie et n’avions pas la vitesse maxi pour rester devant sur le sec.
Mais la principale réponse à cette question n’est pas ce qui a manqué mais ce qui aurait dû arriver. Dans notre stand, nous pensions que les deux voitures qui nous précédaient n’auraient pas assez de carburant pour aller au bout et que nous aurions pu l’emporter grâce à notre autonomie. Nous n’avions pas besoin de cette dernière neutralisation. Si la course était restée sous drapeau vert à ce moment-là, les choses auraient été intéressantes à regarder. Les deux voitures de tête utilisaient beaucoup de puissance et cela augmente la consommation. On aurait voulu, on aurait pu, on aurait dû…
Nous avons réalisé une course PARFAITE. Pas la moindre erreur. Nous n’avons jamais perdu un tour sur la tête, n’avons manqué aucun arrêt au stand et la voiture est restée intacte. C’eut donc été le seul moyen pour nous de monter sur la plus haute marche du podium.
L’an dernier, vous me disiez que vous disposiez de plusieurs marques dans votre portefeuille pour remplacer la Viper en 2017. Quelles étaient ces marques et pourquoi avoir choisi la Mercedes-AMG GT3?
Je dirais que je pense vraiment que la Mercedes-AMG GT3 est la voiture qu’il faut avoir pour arpenter les tracés que nous avons dans le championnat IMSA. Après avoir vu cette voiture monopoliser le podium aux 24 Heures du Nürburgring, j’ai su qu’elle était fiable. En plus, la voiture est tout bonnement magnifique. Elle est bonne dans tous les domaines, facile à piloter. Tout ce qu’on peut rechercher dans une voiture d’endurance.
L’AMG GT3 est une voiture de nouvelle génération, mais vue de l’extérieur, elle est très semblable à la Viper, avec un gros moteur atmo à l’avant, une aéro “simple”… Est-elle vraiment différente comparée à la Viper GT3-R?
Il y a beaucoup de ressemblances et de différences. Grosse cylindrée, atmosphérique, moteur à l’avant, empattement similaire, long capot… Mais les deux voitures construisent leur performance de manière très différente. L’AMG GT3 possède beaucoup d’appui aérodynamique et est très bien développée en fonction des spécifications GT3. Elle fait tout bien. Elle est douce et confortable à la limite, ce à quoi tout pilote aspire.
En 2017, à l’instar des saisons précédentes, vous partagerez votre volant avec Jeroen Bleekemolen et courrez avec l’équipe de Bill Riley. Avez-vous pensé à changer d’équipier et/ou d’équipe ou n’était-ce tout simplement pas envisageable pour vous de perdre ces gars à vos côtés?
L’endurance est un sport d’équipe. Chaque membre au sein d’une équipe peut vous faire perdre la course. Par conséquent le choix de l’équipe est extrêmement important. Je pense que Jeroen est le meilleur pilote du paddock. Nous nous entendons bien et avons gagné des courses ensemble. Quand à Riley Motorsports, ce sont les meilleurs dans le domaine également. Nous avons le sentiment d’avoir construit la meilleure combinaison, et c’est comme ça qu’on gagne. Nous voulons tous gagner, ce qui signifie que nous voulons tous rester ensemble.
Vous étiez connu comme “Monsieur ViperExchange” et avez porté la Viper au top de la compétition en Amérique du Nord avec Jeroen et Riley Motorsports. Quels sont vos meilleurs et pires souvenirs de cette période particulière?
Excellente question. Le meilleur souvenir est d’avoir gagné les Rolex 24 Heures de Daytona en 2015. Le second est d’avoir roulé avec la Viper GTS-R au Mans. Enfin, c’est d’avoir gagné trois courses et terminé deuxièmes du championnat en 2016.
Les pires souvenirs… Avoir gaspillé une énorme opportunité au championnat en 2015 quand j’ai fait naufrage sous la pluie à Petit Le Mans en 2015. Ensuite, je placerais toutes les erreurs que j’ai commises derrière le volant en 2014, parce qu’il y a tellement de gens qui font le maximum pour que ce programme fonctionne. J’ai eu l’impression d’avoir laissé tomber beaucoup de gens.
Pensez-vous avoir contribué à la légende de la Dodge Viper?
C’est étrange à dire, mais oui. Bien entendu. Que ce soit la victoire aux Rolex 24 Heures de Daytona, ou de remporter l’Ultimate Track Car Championship deux années de suite, d’avoir été partie prenante du record du tour au Nürburgring, ou d’être le concessionnaire #1 de Viper au monde lors des 8 dernières années. Oui j’y ai contribué.
Quel est votre sentiment quant à la décision de FCA (Fiat Chrysler Automotive) de mettre un terme à la lignée Viper qui ne connaîtra donc pas de quatrième génération?
No comment! j’ai des sentiments assez mitigés. J’adore la voiture, mais je ne pense pas qu’elle rapportait de l’argent à FCA et je ne peux dire à quel point ça vaut la peine d’avoir une voiture-étendard. La Viper était très bonne selon moi, parce que j’en suis passionné. Le fait qu’ils n’en feront plus ne signifie pas que je ne serai plus impliqué avec la marque.
Avez-vous l’intention de prendre part aux 24 Heures du Mans 2017? Si oui, sera-ce avec une Riley/Multimatic Mk30 LMP2? Avec quelle équipe, quels équipiers?
Oui, je suis assez chanceux que pour avoir décroché l’une des invitations d’office au Mans. Keating Motorsports sera l’équipe et engagera une Mk30 en LMP2. La plupart des autres détails restent à déterminer.
Quels seront vos objectifs pour 2017?
Pour l’instant, l’objectif est de remporter le championnat IMSA 2017 en GTD. Et de remporter le Mans.