Jeep – Just Enough Essential Parts – est apparu à la face du monde à l’occasion d’un des plus grands moments de l’Histoire contemporaine : le D-Day en Normandie. Quoi de mieux, dès lors, que d’emmener notre Grand Cherokee à la rencontre d’une de ses aïeules, couvée par des passionnés pour qui le débarquement n’a plus aucun secret. En route pour Spirit of 1944 !
Si le propos de ce périple se voulait avant tout symbolique, nous nous devions d’en profiter pour jauger à nouveau des qualités et défauts du SUV au célèbre patronyme. Décision fut donc prise de consacrer l’aller à la balade au gré des départementales françaises. Mais avant cela, il fallait d’abord trouver à caser les bagages, mission toujours délicate lorsqu’on voyage avec un bébé en bas âge. Entre Maxi-Cosy, lit pliable, baignoire et poussette, la place laissée aux valises n’était pas des plus vastes et nous offrit l’occasion de pester sur le cache-bagages, placé trop bas et inapte à supporter une quelconque charge. Dommage, car le coffre présente des formes régulières et pratiques. Heureusement, l’espace à bord reste généreux et chacun put voyager confortablement. Le confort, une des qualités premières de notre monture, dont la suspension douce et prévenante s’acquitte parfaitement de sa tâche, en mode confort – le mode sport ajoutant un peu de fermeté et un meilleur maintien de caisse, pourtant déjà très appréciable – bien aidée par des sièges aux réglages amples et au moelleux typiquement américain.
Riche en couple et idéalement secondé par une boite automatique bien calibrée, le V6 Diesel vous emmène alors dans un souffle, se faisant très discret et vous gratifiant même ça et là d’un grondement feutré lorsqu’on lui en demande un peu plus. Voilà qui contribue au raffinement du Grand Cherokee dont l’habitacle présente, dans cette version Summit, une finition flatteuse, quoique subsistent encore quelques détails trop typés « Outre-Atlantique » en comparaison des références allemandes ou anglaises.
Bercés par la sono Harman-Kardon, les longues courbes et lignes droites des départementales s’avalent sans jamais vous lasser. Et quel plaisir de traverser les petits villages de la campagne française en observant les sourires et les pouces parfois levés des badauds. Contrairement à ces homologues teutons ou britanniques, l’américain suscite une réelle sympathie, en dépit de son gabarit, et ça fait du bien !
Mais déjà la fin d’après midi arrive et nous nous approchons de notre destination. Situé au cœur de la Normandie, à la Cambe, Spirit of 1944 vous met immédiatement dans le bain ! Dès l’entrée dans l’allée de gravillons, un guéridon et des panneaux d’époque vous transportent 73 ans en arrière. Le choc temporel se renforce quand vous pénétrez dans la cour intérieure, accueillis par une Peugeot 202, une Chevrolet du même cru et une… Jeep dans son habit guerrier. Welcome in History guys !
D’un coup, d’un seul, notre Grand Cherokee avance sur la pointe des pneus pour se garer sur notre emplacement réservé – Winston Churchill – entre Eisenhower et Saint Exupéry. Du beau monde n’est-il pas ? Si le choc visuel est frappant, l’accueil, lui, vous ravira par la chaleur et la bonne humeur des propriétaires de cette maison d’hôte hors du commun… et hors du temps.
Patricia et Laurent, également figures bien connues des suiveurs des Blancpain GT Series et des Total 24 Heures de Spa pour œuvrer aux plus hautes instances de SRO Motorsport Group, ont le sens de l’accueil autant que celui du détail. Entre reliques authentiques, coupures de journaux et décors riches en histoires et en symboles, leur « chez eux » vous permet rapidement de vous sentir « chez vous ». Convivialité, un terme qui sied à notre escapade et à la Jeep Grand Cherokee, elle aussi férue de simplicité, d’authenticité et de petites touches originales : du « since 1941 » inscrit sur le volant ou dans les phares, avec le pictogramme de l’aïeule Willis, le constructeur américain aime à disséminer ici et là des rappels de ses racines.
Après une nuit réparatrice, c’est un petit-déjeuner de gourmets gourmands qui vous attend, faisant la part belle aux produits du fécond terroir normand. Et n’ayez crainte, tout est prévu, même le doggy bag es-viennoiseries pour vous sustenter durant la journée.
Riche de dizaines de sites majestueux, de musées, de noms ronflants et de paysages touristiques, la Normandie saura immerger les visiteurs des hauts faits du 6 juin 1944 et des jours qui suivirent. Si nous ne pouvons que vous conseiller la découverte d’Omaha Beach et le cimetière américain, Utah Beach et son musée ou Juno Beach, le musée à 360° d’Arromanches, le Dead Men’s Corner et son simulateur de vol plus que réaliste, sans omettre Sainte Mère l’Église, le tout sous la conduite d’un road book personnalisé concocté pat le maitre des lieux selon vos envies, nous avons pris le parti d’emmener notre Grand Cherokee dans divers endroits, certes moins touristiques, mais tout aussi symboliques.
Crapahutant au détour des routes de campagne, nous avons voulu rendre hommage à ces hommes qui contribuèrent à changer le cours de l’Histoire. Témoin toujours bien « vivant » du défi que représentait la progression des troupes alliées, le pont Bailey démontre le génie de cet ingénieur qui avait alors conçu une structure destinée à tenir tout au plus quelques mois et qui plus de septante ans plus tard ne bronche toujours pas, même au passage des 2,4 tonnes de notre Jeep. Certains pourraient s’en inspirer du côté de nos tunnels et voiries…
Just Enough Essential Parts… la légende veut que cet acronyme soit à l’origine du nom de la marque – mais il en existe d’autres – et colle parfaitement à la réalité d’une Willis aussi spartiate et simple que solide et intelligente. Aujourd’hui, on parlerait plutôt de Just Enjoy Entertaining Parts tant le Grand Cherokee déborde de gadgets électroniques, équipements luxueux et autres éléments technique alambiqués : surveillance d’angle mort, régulateur de vitesses, sièges et volant chauffants et réglables électriquement, suspension pilotée réglable sur différents niveaux, rapports courts, etc. rien ne manque. Il y en a un peu plus, je vous le mets quand même ?
Mais notre périple n’est pas terminé et nous emmène sur l’une des plages du débarquement, Utah Beach. Sur le sable humide, notre Jeep semble parfaitement dans son élément, seule au milieu de l’immensité de ce bord de mer, aujourd’hui jonché de coquillages mais dans un lointain hier, constellé de corps meurtris et sans vie, rougi par le sang, empesté des effluves de chair brulée, de métal déchiqueté. Soudainement, en démarrant le V6 pour regagner la terre ferme, on prend conscience du privilège qui est le nôtre d’évoluer en toute liberté avec pour seul adversaire le ciel capricieux. Un ciel qui fut le terrain de « jeu » d’engins tellement uniques qu’ils sont étroitement associés à l’armée allemande : les dirigeables mieux connus sous leur patronyme zeppelins. Ni une, ni deux, nous traçons la route pour rejoindre Écausseville et son célèbre hangar à dirigeables. Des engins volants qui servaient à la chasse aux sous-marins. Tellement impressionnant que notre SUV de 4,80 m semble minuscule en comparaison.
Après une journée bien occupée, fatigués par le grand air iodé et les émotions qui vous submergent, retrouver le réconfort de Spirit of 1944, bercés par la musique des fourties, autour d’un bon verre, sonne comme une véritable récompense. Le lendemain matin, vient déjà le temps de plier bagage. Mais hors de question de repartir sans visiter deux derniers lieux hautement symboliques.
Si les plages d’Omaha, Utah, Juno ou la pointe du Hoc vous rappelleront combien le débarquement fut dévastateur en termes de vies alliées perdues, il y eut aussi quelques carnages chez l’ennemi. Sur les conseils de notre guide éclairé, nous avons donc emmené notre Grand Cherokee dans un lieu appelé Hell’s corner, escortés de la Jeep originelle et d’un véhicule de transport de troupes Dodge, digne précurseur des célèbres pick-ups RAM modernes. Superbe émotion que de serpenter dans la plaine normande, entre haies, petits canaux et prairies gardant encore en de nombreux endroits les stigmates et cicatrices d’un affrontement d’une violence inouïe, accompagnés de ces symboles de l’offensive américano-alliée, tous deux conçus pour la guerre et qui aujourd’hui ont généré une descendance multiple et le plus souvent bien éloignée des impératifs de l’époque… Mais toujours aussi à l’aise dans la boue ! Arrivés sur le site, Laurent et ses amis – propriétaires du Dodge – vêtus pour la circonstance, nous narrent la bataille qui vit la débandade des troupes teutonnes, prises sous le feu nourri des alliés. La passion transpire tellement dans leurs propos que l’on s’y croirait ! Émotion garantie !
Ce pèlerinage en Jeep à travers la Normandie se terminait par une visite au monument du Major Richard D. Winters à Sainte-Marie-du-Mont. L’occasion d’une dernière photo de famille avant de prendre congé de nos guides sous l’égide de ce héros de guerre. Merveilleux augure avant un peu plus de 600 bornes d’autoroutes avalées dans le cocon douillet du Grand Cherokee, à peine perturbés par la danse des essuie-glaces lorsque la pluie s’est invitée… une fois arrivés en Belgique.
Avant de nous lancer dans cette escapade, nous nous posions la question de savoir si le Grand Cherokee était bien l’héritier de la Jeep originelle. S’il nous semble plus légitime de citer le Wrangler dans le rôle du descendant direct, notre monture nous a amené à la réflexion suivante :
Si la Jeep « Willis » a été créée pour conquérir la Liberté du Monde. Aujourd’hui, le Grand Cherokee est conçu pour offrir la liberté de conquérir le monde.
Merci à Laurent Gaudin & Patricia Kiefer de Spirit of 1944 (Cliquez ici pour en savoir plus) et à Jean-Marie Caillard et son épouse Sylvie, propriétaires du Dodge (informations en cliquant ici).