Un tank électrique, ce n’est pas courant dans les forces armées. Sur le champ de bataille des SUV en revanche, il y en a pas mal. Le « roi » Range Rover se décline en hybride, le BMW X5 aussi, tout comme ses compatriotes Porsche Cayenne et Audi Q7 e-Tron Quattro. Au Japon, le Lexus RX450h fait aussi parler de lui. Les recettes diffèrent un peu en nombre de cylindres et de carburant utilisés, mais les résultats convergent : moins de 50g de CO2/km pour les meilleurs et quelques dizaines de kilomètres sans pétrole.
Où se situe le Volvo XC90 T8 là-dedans ? Avec son « Twin Engine », comme disent les suédois de Göteborg, il propose 320ch et 400Nm issus d’un 4 cylindre essence de 2,0l. De son côté, l’électricité propose 87ch et 240Nm agissant sur les roues arrières pendant au maximum 35km. Le résultat final sur le papier est de 49g de CO2 /km, et 2,1l/100km. Reste à vérifier dans la vie de tous les jours si un tank de 2,3tonnes peut tenir pareilles promesses.
En apparence il ne fait rien pour s’alléger, mais en dessous de sa belle robe masquant ses rondeurs, il a droit à une toute nouvelle plateforme en aluminium. Tout en étant plus grand que son prédécesseur, il propose un poids sensiblement égal. Sauf lorsqu’il est ici équipé de plus de 150kg de batteries et de moteurs électriques. Un appareillage qui ampute d’ailleurs le réservoir de 21l. Adieu l’autonomie de supertanker qu’avait le D5. Le coffre ne pâtit pas des batteries.
En montant à bord on regrette aussi de ne pas retrouver les superbes sièges sport qui équipaient le D5 essayé au printemps. L’intérieur en cuir Napa noir et les plaquages d’aluminium sont moins chaleureux que le cuir brun et les inserts en bois. Mais la qualité de présentation est toujours au rendez-vous avec, entre autre, du cuir jusque sur le tableau de bord. Et aucun assemblage hasardeux. C’est heureux à ce prix ! On notera aussi le sélecteur de vitesse qui laisse désormais place à une petite pièce de cristal façonnée à la main dans les ateliers suédois d’Orrefors. Pas désagréable à l’œil, il aurait pu être moins contrariant à manier en intégrant plusieurs crans. Juste de quoi ne pas avoir à tirer chaque fois deux coups sur le levier. Mercedes, par exemple, l’a bien compris.
Continuons le tour du propriétaire en fouillant dans les nombreux réglages que propose l’écran central. On retiendra la petite case à cocher qui dégonfle les suspensions pneumatiques une fois à l’arrêt, pour monter et descendre plus facilement du tank. Autre réglage avec lequel on aime jouer : l’ambiance sonore du système audio Bowers&Wilkins de 1400Watts et 19 haut-parleurs. On a le choix entre le son normal, l’ambiance sonore d’une scène, ou encore de la salle d’opéra de Göteborg. Fabuleux !
Un peu plus pragmatique, venons-en aux places arrière. Pas de surprise à la deuxième rangée, si ce n’est la place du milieu vraiment peu confortable. Ce qui est plus étonnant, c’est de loger sans soucis 1,82m de chair et d’os sur la troisième rangée. Pas moins confortablement que dans un réel monospace. En même temps, vu le gabarit du Volvo XC90 T8, il aurait été décevant d’y être à l’étroit. Un peu moins de cinq mètres de long, ça n’a rien d’un petit gabarit.
Justement, le gabarit de ce tank. Voilà qui posait questions quant aux chiffres théoriques de consommation. 2.300kg, 2m de large, 1,77 de haut et 4,95m de long. Est-ce que cet engin peut réellement revendiquer 2,1l/100km dans la vie de tous les jours ? La bonne nouvelle c’est que la batterie tient en général 30 ou 31km sur les 35 annoncés, sans pour autant s’affoler sur l’économie. Si le Volvo XC90 T8 est utilisé en ville pour des petits trajets, et rechargé à chaque fois, il peut sans problème consommer encore moins que ce qu’il annonce. En revanche, une fois que la distance dépasse l’autonomie de la batterie, il faut tabler sur une consommation de l’ordre de 6,8l/100km en conduite éco. Le poids élevé se fait ici sentir. Tout comme l’aérodynamique, pourtant aidée par une suspension pneumatique qui abaisse la voiture à haute vitesse. Sur autoroute à 120km/h, le moteur électrique travaille moins, et la consommation se stabilise proche des 10l/100km. Compte tenu des lois de la physique, on peut presque parler d’un exploit. Le Volvo XC90 T8 consomme donc moins que son homologue diesel D5.
Les transitions entre moteur thermique et moteur électrique sont à peine perceptibles, et le moteur thermique n’est pas bruyant malgré sa double suralimentation : compresseur et turbo. Jamais non plus le Volvo XC90 T8 ne manque de puissance. Certes, en électrique il faut un peu plus de patience pour les mises en vitesses. Mais quand les deux moteurs fonctionnent de concert, ce sont 407ch et 640Nm qui passent au sol sur les quatre roues. Autant dire que ça avance !
En « mode tank » (comprenez off-road), le XC90 T8 a aussi besoin de ses deux moteurs pour faire tourner ses quatre roues, l’avant étant uniquement motorisé par le moteur thermique, et l’arrière par le moteur électrique. La suspension pneumatique remonte de quatre centimètres par rapport à sa hauteur normale, et la boite de vitesse garde les rapports plus longtemps. Le Volvo XC90 T8 en devient-il pour autant un véritable baroudeur ? Non, clairement il n’est pas à son aise dans la boue. Trop lourd, et pas équipé pour, il ne motrice pas bien. Il est aussi fort large, ce qui n’aide pas à se faufiler dans les chemins moins larges que les avenues grand chic. Le tank suédois laisse ce domaine à son homologue britannique.
Et si…
… il est utilisé pour des petits trajets, le XC90 T8 épatera. Autrement, les lois de la physique reprendront le dessus, et la consommation grimpera. Mais une chose est sure, le Tank suédois est revenu aux avant-postes du marché des SUV.