Dans un but de meilleure compréhension, nous avons choisi de nous référer pour cet article au classement du championnat du monde des constructeurs, actualisé au lendemain du Grand Prix de Belgique 2016.
Mercedes à double-face (Rosberg 1er, Hamilton 3e)
Red Bull, le taureau boiteux (Ricciardo 2e, Verstappen 11e) :

À l’image des Flèches d’Argent, les taureaux de Red Bull ont soufflé le chaud et le froid sur le toboggan fagnard. Sauf que rien ne le laissait présager avant ce fameux premier virage. À qui la faute ? Vettel ? Verstappen ? Depuis dimanche, le débat agite les observateurs comme les internautes sur la responsabilité de l’accrochage du départ ayant coûté leur course à la fois aux Ferrari et au jeune Hollandais. Si beaucoup ont pointé Max et sa fougue comme les causes probables de l’incident, d’autres sont plus nuancés comme Joe Saward, qui déclare sur son blog que Vettel est davantage à blâmer pour avoir trop resserré sa trajectoire à l’extérieur de l’épingle, prenant Raïkkönen en sandwich avec la Red bull. À l’inverse, Max tenait sa trajectoire à la corde et n’avait d’autre choix que d’épouser le vibreur pour mieux ressortir devant. Que ce soit l’un ou l’autre, l’inaction des commissaires a en tout cas prouvé une chose : fait de course et point à la ligne ! Des trois lascars, Verstappen a dû payer les pots cassés en échouant à la porte des points devant un public (quasi) entièrement acquis à sa cause. Dommage pour celui que l’on voyait déjà sabrer le champagne sur le podium.

Et si c’était justement cette obligation de résultat et la perspective de briller devant tant de fans les vraies coupables de son empressement du départ ? Après tout, le bougre n’a toujours que 18 ans et une expérience encore limitée des envols en première ligne, surtout avec des pilotes chevronnés dans son dos et une distance de freinage parmi les plus courtes de la saison.
Verstappen : « ça ne pouvait pas passer à trois de front ! «

Comme Rosberg au volant de la W07, Daniel Ricciardo a su garder la tête froide et a profité de la confusion des premiers mètres pour se hisser en troisième position. Bourreau d’Hulkenberg à la relance, l’Australien a connu une après-midi plutôt tranquille et empoche 18 nouveaux points, de quoi consolider sa troisième place au classement mondial devant Vettel et Raïkkönen. Au volant d’une RB12 qui progresse à chaque sortie, la victoire semble plus que jamais à la portée de « Big Dan », qui rêve secrètement de conjurer les déceptions de Barcelone et Monaco.
Scuderia Ferrari, voyants dans le rouge (Vettel 6e, Raïkkönen 9e) :

© STUDIO COLOMBO
Y a-t-il un « syndrome Ferrari » ? Sans chercher à tomber dans la caricature, force est de reconnaitre que la Scuderia a de nouveau galvaudé une belle opportunité ce week-end à Spa. Après les tentatives loupées de Melbourne, Barcelone ou Montréal, les regrets peuvent être encore plus grands au vu du regain de compétitivité affiché par la SF16-H. Dans le bon rythme vendredi, Raïkkönen et Vettel surprenaient leur monde avec les 1er et 3ème meilleurs chronos le samedi matin. Bref retour à la réalité en qualifications ou les rouges confisquaient tout de même la deuxième ligne, Kimi échouant à moins de deux dixièmes de la pole de Rosberg, seul un Verstappen en état de grâce s’intercalant entre eux.

© STUDIO COLOMBO
Avec Hamilton relégué en fond de grille, l’optimisme semblait de mise pour le départ avant que l’étroit goulet de la Source n’ait raison des ardeurs de chacun. Percuté sur le flanc droit, Vettel partait en toupille alors qu’Iceman et Verstappen y laissaient chacun une partie de leur aileron avant. Une fois passé par la pitlane, le reste de l’épreuve se résuma à une remontée le couteau entre les dents, Raïkkönen se frottant même à la Red Bull de Verstappen qu’il mit cinq tours à doubler, non sans avoir frôlé une nouvelle fois l’accrochage.
La réponse de Vettel à Verstappen.

© STUDIO COLOMBO
Au-delà du résultat brut, forcément décevant au vu du potentiel affiché, la situation actuelle de la Scuderia continue de susciter commentaires et inquiétudes. Il y a encore quelques mois, après un exercice 2015 couronné par une ribambelle de podiums et de trois succès, la présente campagne devait être celle de la confirmation avec le titre mondial en ligne de mire. Or, les rouges n’ont encore signé aucune victoire en 13 manches, ratant le coche à plusieurs reprises (Melbourne, Barcelone, Montréal et Spa), le plus souvent à cause de décisions stratégiques pour le moins hésitantes. Pire, Red Bull a repris du poil de la bête et se pose désormais en challenger numéro 1 de Mercedes au point d’occuper la deuxième marche du podium au championnat des constructeurs.

© STUDIO COLOMBO
Déjà ébranlée par ses errements stratégiques et par un rythme de développement moins soutenu que la concurrence, Ferrari a récemment pris un nouveau coup sur la tête avec le départ de son directeur technique James Allison. Débauché à prix d’or de chez Renault (ex-Lotus), le Britannique était la branche sur laquelle reposait la nouvelle structure voulue par Sergio Marchionne, le puissant PDG de Fiat. Après le décès de son épouse en mars, l’ingénieur avait déjà montré des signes d’essoufflement et a déclaré quitter l’équipe pour pouvoir s’occuper de ses trois enfants. Un argument vite considéré comme « léger » vu l’âge des dits « enfants » (17, 21 et 23 ans dont deux sur les bancs de l’université). Sans entrer dans la polémique, il y a fort à parier que d’autres divergences en interne pourraient expliquer ce divorce. Mais quoi qu’on en pense, le départ précipité de son créateur technique, remplacé depuis par Mattia Binotto, a laissé la Scuderia quelque peu désemparée. À Monza, sous les yeux des tifosi, elle a d’ores et déjà annoncé disposer de trois nouveaux jetons de développement pour son groupe-propulseur.
Sahara Force India, puissance 4 ! (Hulkenberg 4e, Pérez 5e) :

Attendues au tournant, les Force India n’ont pas déçu dans les Ardennes belges. « Checo » Pérez sonnait la charge dés la première séance libre de vendredi avec un 4e temps bien senti, transformé en 3e chrono l’après-midi par « Hulk » avant que le Mexicain ne frôle le top 5 qualificatif le samedi. En course, les duettistes profitaient comme d’autres de la confusion du départ pour se frayer un chemin vers l’avant, particulièrement Hulkenberg un temps 2e avant de subir les retours successifs de Ricciardo au re-start puis d’Hamilton au jeu des ravitaillements.

Quatrième sous le drapeau, l’Allemand a égalé le meilleur résultat de sa carrière (à quand le podium, après 107 départs ?) devant Sergio Pérez. Un tir groupé qui ne pouvait pas mieux tomber puisqu’il permet à Force India d’occuper la quatrième place du championnat du monde pour la première fois de son histoire, deux points devant des Williams en retrait. Malgré un début de saison plus timide que prévu, un budget serré et des ennuis politico-juridiques à répétition, la performance reste belle. Aux troupes de Vyjay Mallya de poursuivre leurs efforts dès Monza, une piste qui a souvent souri aux VJM à moteur Mercedes.
Williams Racing, allo docteur ? (Bottas 8e, Massa 10e) :

On a beau se répéter mais les temps sont durs pour Williams. Devenue la troisième force du plateau ces deux dernières saisons, l’écurie chère à Sir Frank accuse le coup en 2016 alors que Red Bull et Ferrari, au budget certes supérieur, ont creusé l’écart et que Force India s’est entre-temps invitée à la lutte.
Si le podium de Bottas à Montréal fut accueilli comme une bouffée d’air frais, les FW38 se contentent depuis lors des quelques miettes du festin, le Finlandais étant souvent le seul à scorer au contraire d’un Massa timoré. Muet depuis mi-juin et le Grand Prix d’Europe à Bakou, le vétéran brésilien a retrouvé le point de la dixième place à Spa, son équipier terminant deux rangs devant. Un résultat plutôt maigre au vu du rythme adopté par des Force India pourtant dotées du même moteur.

Le podium mondial étant devenu depuis longtemps inaccessible, mettre les monoplaces de Silverstone au pas devra constituer l’objectif principal de Bottas et Massa, tous deux dans leur dernière année de contrat. Si Le Finlandais, 26 ans, devrait faire l’objet d’une prolongation, l’avenir parait en revanche moins claire pour le Pauliste, 35 ans, dont les derniers résultats (trois points sur les huit dernières courses) ne jouent malheureusement pas en sa faveur. La rumeur voudrait qu’il soit poussé vers la sortie par Jenson Button, de retour dans la formation de ses débuts au cas où McLaren décidait de ne pas le prolonger…
Suite de notre analyse de ce Grand Prix de Belgique dans la partie consacrée aux écuries du milieu et bas de tableau (de McLaren à Sauber).
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